Guy Lafarge, Directeur général adjoint de Canal+ en charge de la distribution, évoque sans ambages son « impatience » ; Michel Combes, PDG de TDF, ose lui parler de « gourmandise ». Pas de doute, la Télévision Mobile Personnelle (TMP) suscite l’appétit des acteurs industriels de l’audiovisuel et des télécoms. Il faut dire qu’on attend depuis près de deux ans la télévision broadcast sur les mobiles en France. Et ce n’est pas encore pour demain ! Deux ans d’expérimentations, une flopée de rapports et de conférences, alors que la TMP broadcast est déjà d’une réalité commerciale au Japon (7 millions d’abonnés), en Corée (6,5 millions), depuis un an en Italie (600.000), depuis peu en Allemagne (9.000) et au Royaume-Uni (10.000). La Finlande ouvre quant à elle son réseau DVB-H, opéré par Digita (filiale de TDF), à la fin de la semaine en présence de la Commissaire européenne Viviane Reding.
Qu’est-ce qu’on attend en France ?
Eh bien, la bonne nouvelle, c’est que ça bouge… enfin !
Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, en charge de la planification des fréquences pour la télévision mobile personnelle, vient de rendre public sur son site CSA.fr la consultation qu’il a menée ces derniers mois auprès des professionnels. Mieux encore, Elisabeth Flüry-Hérard, membre du Conseil, a confirmé ce matin lors d’un petit-déjeuner sur la télévision mobile que l’appel à candidatures pour la composition du bouquet de chaînes et de services de la TMP devrait être lancé en octobre de cette année. Ce qui permet d’envisager un démarrage officiel des programmes vers l’été 2008. Madame Flüry-Hérard intervenait dans le cadre d’un débat organisé par le cabinet NPA Conseil, avec la participation de Janine Langlois-Glandier, Présidente du Forum de la télévision mobile. Autour de la table, outre Guy Lafarge de Canal+ et Michel Combes de TDF, il y avait Emmanuel Forest de Bouygues Télécom, Georges Penalver d’Orange, Jean-Marc Tassetto de SFR, Yves Portalier de Sagem et Laurent Souloumiac de France Télévisions Interactive. Un beau panel de dirigeants de la chaîne de valeur de la TMP.
Que faut-il retenir des échanges ?
La télévision mobile broadcast, par opposition à la télévision mobile unicast en 3G, doit devenir à terme un média de masse. Ce 3ème écran de télévision, après le téléviseur et le PC, offre une qualité d’image et de son accrue par rapport à la TV live et à la VOD actuellement streamées en point à point via les réseaux des opérateurs mobiles. Le business model sera très certainement payant, avec pour le consommateur un abonnement de base de 5 à 7 euros par mois, car la publicité ne sera pas en mesure de couvrir les coûts d’infrastructures avant plusieurs années. Selon le PDG de TDF, chaque chaîne devra budgéter 4 à 6 millions d’euros si elle souhaite couvrir 30% de la population, 6 à 8 millions d’euros pour couvrir la moitié de la population française. Et ce, en envisageant une pénétration du signal de télévision mobile dans les édifices, la fameuse réception indoor qui permet de regarder la TV sous la couette ou au bureau. Le multiplex M7 est en capacité de diffuser entre 15 et 17 chaînes TV que le CSA devra pré-sélectionner et conventionner. Laurent Souloumiac de FTVI confirme que France Télévisions souhaite que sa tutelle, l’Etat, préempte 4 canaux en TMP pour la reprise de France 2, France 3, France 4 et France 5. Au démarrage, Michel Combes estime que près de 15 à 18% de la population seront couverts avec 250 à 350 sites émetteurs. Côté contenu, on sait que le sport sera un élément moteur de l’offre. Tout le monde espère donc que la TMP sera prête pour l’Euro 2008 de foot et les JO de Pékin. Même si le véritable lancement commercial sera plutôt pour Noël 2008, avec la vente massive de terminaux de réception.
Pour compléter ce panorama de la TMP, je vous propose une interview de Philippe Bailly, Directeur associé et fondateur de NPA Conseil. NPA est l’acronyme de Nouveaux Paysages Audiovisuels ; on est assez proche de ma définition du PAN, le Paysage Audiovisuel Numérique. Philippe revient sur le retard relatif de la TMP en France et donne sa vision des facteurs clés de succès de la télévision mobile.