La fameuse convergence se manifeste principalement par l’abolition des frontières entre acteurs Média et Télécoms, une exploitation multi-plateforme des contenus, ainsi qu’une forte interaction entre consommateurs et services des opérateurs. Le « digital game-play », pour reprendre la photo ci-contre (cliquez dessus pour l’agrandir), est complexe d’un point de vue technique comme économique !
Ces sujets étaient au cœur des 2è Assises Européennes de la Télévision Interactive, ce jeudi, à Issy-les-Moulineaux, ville souvent rebaptisée « Médialand » par les initiés étant donnée la forte implantation d’entreprises du secteur sur son sol.
Les professionnels européens réunis par l’AFDESI (Association Française des Développeurs, Editeurs et Fournisseurs de Services en télévision Interactive) ont multiplié les constats et mis en perspective les tendances de la TVI. Comment cette télé interactive à la papa, du télétexte basique au service interactif sur le décodeur câble / satellite, est en train de muter progressivement en TV 2.0, avec de l’interaction rich media au menu de la télécommande et de nouveaux services comme le PVR et la VOD.
- Premier constat, c’est une évidence : d’une part, la vidéo sur Internet et la télévision convergent ; d’autre part, le Web et les services interactifs de télévision convergent aussi.
- Deuxième constat : on assiste à la montée en puissance des usages collaboratifs, comme le User-Generated Content.
- Troisième constat : les téléspectateurs / télénautes / mobinautes exigeront de plus en plus de la qualité de services, de la simplicité d’usage et de la rapidité. J’y reviendrai dans une prochaine interview vidéo de Jean-Michel Planche, PDG de Witbe.
Le Britannique Ian Valentine, PDG de Minweb Interactive, pense que la TV interactive du future se consommera majoritairement au travers de consoles de jeux comme la Xbox 360 ou de set-top-box hybrides (TNT pour les 18 chaînes gratuites + ADSL pour la VOD et la télévision payante) permettant une totale interaction avec la vidéo. Robin Dualé, Directeur des services IPTV de Club Internet, n’est pas loin de penser la même chose ; même s’il mise plus sur un environnement centré sur le PC domestique. Il pointe notamment la récente baisse d’audience des chaînes de TV linéaires, enregistrée en 2006 par Médiamétrie sur le jeune public. Les 15-24 ans, les Digital Natives, bouderaient-ils la télévision traditionnelle au profit de la vidéo sur Internet ?
Dans ma prochaine note, je vous proposerai des démos vidéo de dirigeants de Microsoft et d’Open TV sur les Interfaces Homme-Machine qui offrent déjà ou offriront demain une expérience réellement interactive de la consommation de télévision, proche des environnements de TV On Demand sur PC comme Joost.
Côté prospective, justement, quelle sera la physionomie du marché des contenus interactifs en 2010 ? Le cabinet britannique Screen Digest a mené une étude, « Interactive content and convergence », publiée en janvier 2007 par la Commission européenne.
Dans le tableau prévisionnel de Screen Digest (cliquez pour agrandir l'image), il apparaît que le chiffre d’affaires des contenus culturels (musique, jeux, radio, cinéma, TV,…) devrait être multiplié par 4 en 5 ans sur les plateformes de distribution digitales.
J’ai pu interviewer l’auteur de cette étude, Vincent Létang, Senior Analyst chez Screen Digest, lors des Assises Européennes de la TV Interactive. Il explique sa vision du développement de la vidéo sur Internet et de la TV en multicast, en dehors des services « walled garden » des opérateurs de réseaux. L’IPTV (lire à ce propos l’excellent analyse de mon camarade André Tonic sur la TV par ADSL sur YouVox Tech) est en train de redistribuer la chaîne de la valeur audiovisuelle. L’usage de la TVI va probablement exploser hors des environnements propriétaires, remettant en cause le modèle de revenu d’acteurs historiques du middleware et du hardware.
A l’inverse, Vincent Létang insiste sur les obstacles à la croissance de ces marchés de contenus et services interactifs. Il note les problèmes de maturité des technologies, d’interopérabilité des formats, la nécessaire adaptation de la réglementation sur les droits d’auteur, la renégociation des contrats existants pour ouvrir de nouvelles fenêtres d’exploitation, et bien sûr la persistance du piratage.
Quel est le potentiel de développement pour la vidéo numérique et la télévision interactive ? Les agrégateurs de contenus seront-ils court-circuités dans la chaîne de la valeur ? Ses réponses en vidéo.