L’intérêt de certaines manifestations professionnelles, dont je me fais régulièrement l’écho sur ce blog, ne réside pas tant dans les tables rondes que dans l’opportunité de rencontrer des experts que l’on lit d’habitude et avec lesquels on peut échanger de vive voix, confronter des points de vue, voire parfois initier des projets entrepreneuriaux. Les deux activités new media que j’ai co-fondées ces derniers mois et celles dans lesquelles je suis rentré comme business angel sont toutes le fruit de ces rencontres. Vive le social networking !
Dernièrement, l’événement Capital Week autour du financement des NTIC m’a enfin permis d’interviewer Olivier Ezratty, dont j’avais abondamment cité le compte-rendu du CES de La Vegas en expliquant dans une note comment l’Internet allume la télévision. Olivier Ezratty, ancien responsable marketing et business développement de Microsoft France, est désormais consultant indépendant en stratégie de l’innovation dans le numérique.
Sur la TV 2.0, je suis totalement en phase avec lui sur le potentiel que recèlent les systèmes de recommandation de vidéos, les solutions de « Social TV » pour générer des médias participatifs, et la TV en mode IP permettant d’introduire de manière ciblée de la publicité.
A l’occasion de notre rencontre, j’ai mis l’accent sur ce dernier point. Olivier envisage un « marketing parfait » à la télévision, de l’exposition publicitaire jusqu’à la transformation du client et à sa fidélisation. Pour ma part, avec d’autres mots mais dans le même esprit, je crois aux outils ePRM et eCRM capables, en mode « Pull » comme « Push », d’accroître fortement la consommation média, la satisfaction des utilisateurs et la transformation côté annonceurs.
L’IPTV va ouvrir la voie à la publicité en « permission marketing ». Cela induira nécessairement des questions sur la gestion et la monétisation de la vie privée des consommateurs. Serez-vous prêt demain à dévoiler vos goûts pour bénéficier de services vidéo gratuits financés par la pub ?
Autre thème abordé dans notre entretien vidéo, l’horizontalisation de l’industrie audiovisuelle aux Etats-Unis, avec une séparation très nette des activités de fabricant de matériel, d’éditeur de bouquets TV et de distributeur. A l’inverse, en France, la tendance est toujours à l’intégration verticale par les grands opérateurs type Vivendi (StudioCanal, Canal+, SFR, Neuf-Cegetel). Rien de nouveau donc, puisque mon mémoire de DEA en 1991 portait déjà sur l’intégration verticale de la filière Pay-TV par Canal…
Globalement, je retiens de notre long échange en off avec Olivier que tant que les opérateurs câble, ADSL, satellite et mobile maintiendront une approche « walled garden », l’écosystème de la télévision numérique ne pourra évoluer et créer de la valeur. En France, la télévision reste la chasse gardée de quelques grands groupes, mais pour combien de temps encore ? Le modèle ouvert de l’Internet finira par les déstabiliser. En attendant, les start-up de la TV 2.0 devront probablement aller chercher à l’étranger des accès aux consommateurs. Dommage pour l’innovation, alors que notre pays peut se targuer d’être le plus en pointe dans l’IPTV.
Place à présent à l’interview vidéo d’Olivier Ezratty, avec sa vision de la TV 2.0.