Dans les starting-blocks depuis des mois, les chaînes de télévision n’attendaient plus que le feu vert du gendarme de l’audiovisuel pour s’élancer. C’est chose faite !
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel vient d’autoriser quatre expérimentations simultanées de télévision mobile en région parisienne, pour des durées allant de six à neuf mois.
Dès cette semaine, trois consortiums pourront émettre en DVB-H (Digital Video Broadcasting-Handheld). Puis, à compter du 15 octobre pour le quatrième consortium, dans la norme coréenne T-DMB (Terrestrial-Digital Multimedia Broadcasting).
Le premier groupement, coordonné par TDF (Télé-Diffusion de France), proposera en réception mobile 14 chaînes, dont la moitié du service public, ainsi qu’une quinzaine de radios. La Tour Eiffel servira d’émetteur principal sur le canal 37 en polarisation verticale. La couverture sera complétée par quatre autres sites (Romainville, La Défense, Arcueil et Sèvres) émettant sur le canal 37, mais en polarisation horizontale pour éviter les interférences.
Un second multiplexe opérera aussi sur le canal 37, mais piloté cette fois par TPS. Il diffusera neuf chaînes exclusivement détenues par ses actionnaires, TF1 et M6.
Canal+ coordonnera la troisième expérimentation sur le canal 29 depuis trois points hauts en bordure du périphérique parisien. Au menu, un bouquet de 13 chaînes hertziennes et thématiques de CanalSat et des radios sous réserve d’un accord préalable du CSA.
Enfin, la plus originale de toutes sera la quatrième expérimentation, conduite par TF1 et la société lyonnaise VDL spécialiste de la radiodiffusion numérique. LCI et TF1 côté télé, Europe 1 et Europe 2 côté radio, seront diffusées en T-DMB depuis une tour de La Défense.
Le CSA confirme par cette dernière autorisation qu’il est agnostique en matière de technologies. Il entend faire un point tous les trimestres avec les quatre groupements sur les premiers retours d’expérience pour se forger une opinion sur la meilleure norme de diffusion à adopter. Il rejoint en cela les préconisations du rapport remis récemment par Daniel Boudet de Montplaisir au Premier Ministre sur la micro télévision ou TNP (télévision numérique de poche).
Ce nouveau mode de distribution hertzienne et broadcast, à destination des terminaux nomades, recèle un enjeu de taille pour les éditeurs de chaînes : son chemin croise celui des opérateurs mobiles, de plus en plus friands de contenus audiovisuels pour alimenter leurs réseaux 3G ou EDGE en mode « à la demande ». Reste donc à voir quel rôle seront amenés à jouer les opérateurs comme SFR, Orange et Bouygues Telecom, ainsi que les fabricants de téléphones et équipementiers comme Nokia, Sagem, Thales, LG et Samsung, tous parties prenantes dans ces expérimentations.
Concurrence ou complémentarité ? Face aux chaînes de télévision et aux radios, les opérateurs télécom disposent d’un atout non négligeable : un parc de 45 millions d’abonnés au téléphone mobile, dont ils peuvent subventionner les terminaux et avec lesquels ils entretiennent une relation de facturation. Une position clé dans la chaîne de la valeur.