Télévision 2.0 : Social TV et vidéo numérique

2007, année du « Co-generated media »

C’est le marronnier de fin d’année, le 31 décembre on fait le bilan, mais c’est aussi le temps de la prospective. Après « 2006, année du vidéocast », un pronostic qui s’est avéré réaliste avec l’explosion de l’audience des plateformes de partage vidéo comme DailyMotion et YouTube et l’arrivée de nouveaux entrants comme Kewego et ScrOOn, quelle évolution va connaître en 2007 l’univers convergent de la télévision et de la vidéo numérique ?

Pour ma part, après le « User-generated content » (contenu généré par les utilisateurs), je crois en l’émergence de ce que j’appellerai le « Co-generated media » ou en bon français le « média co-généré ou co-produit ». Au cours de l’année 2006, des talents individuels ont émergé dans la vidéosphère, au point - pour certains - d’être parfois médiatisés et de passer comme invité voire chroniqueur dans des émissions télévisées.

2007 marquera l’étape suivante, avec un déplacement du centre de gravité de l’individuel vers le collectif et de l’amateur vers le professionnel… pour les vrais talents, bien sûr. Les autres resteront noyés dans le bruit de fond du web, en dessous du seuil de perception des radars médiatiques et télévisuels. Je fais le pari que trois tendances de fond vont converger et s’additionner pour matérialiser ce concept de « Co-generated media » (CGM).

• 1/ Les talents audiovisuels individuels vont s’agréger autour d’une structure, d’une marque ou d’un nouveau média. Nicolas Voisin, avec ses camarades Julien Villacampa et Christophe Milet, et une équipe de blogreporters viennent de se fédérer dans une nouvelle structure pour poursuivre leur belle aventure éditoriale du Politic’Show. 2007, année électorale avec la présidentielle, des législatives et des scrutins locaux, sera l’occasion pour ce « tiers-média » citoyen d’exprimer des points de vue moins convenus, moins complaisants, que ceux des médias traditionnels vis-à-vis de la classe politique française. Dans d’autres domaines, comme le divertissement et l’humour, de célèbres blogueurs et vlogeurs préparent également sur un mode collaboratif des Web TV. Enfin, exemple qui me tient à cœur, le portail de webzines collaboratifs YouVox devrait compter, outre un nouveau design, cinq thématiques (Technologies, Voyage, Environnement et deux autres magazines encore tenus confidentiels) fin février avec une forte présence de vidéos auto-produites.
• 2/ Des Web TV semi-professionnelles vont émerger et se distribuer en multi-plateforme. C’est la suite logique du point précédent. La structuration d’équipes de passionnés autour de projets audiovisuels va entraîner une professionnalisation partielle des talents amateurs, qu’ils soient individuels ou collectifs. Des chaînes de TV semi-pro, diffusées d’abord sur le web puis sur l’ADSL et le mobile, vont se créer. Certaines trouveront leur financement auprès d’investisseurs - financiers ou producteurs TV - les aidant à mettre en place des programmes récurrents. D’autres, plus indépendants et auto-financés, chercheront à monétiser directement leur talent par la vente de leurs contenus à des chaînes de télévision classiques, à des grands portails internet comme AOL, Yahoo ou MSN, ou encore à des opérateurs mobiles. Autre variante de modèle économique, le partage de revenus publicitaires avec des plateformes de video-sharing comme DailyMotion ou Vpod.TV, ou bien le sponsoring de ces Web TV par des annonceurs, sous réserve - pour en vivre correctement - de générer une audience conséquente et qualifiée. D’autres modes de distribution gratuits comme « The Venice Project » pour les contenus non-linéaires ou Gaspanik pour les « Web TV Live » offriront aux nouveaux créateurs audiovisuels des débouchés pour toucher leur public. Mais la question de fond, que se posait Vinvin au Web 3, reste entière : « Les annonceurs répondront-ils présents en 2007 ? ».
• 3/ Le contenu audiovisuel sera « co-produit » ou « co-créé » entre amateurs et professionnels. C’est Canal Plus qui a initié discrètement le mouvement, il y a 4 ans, avec « les films faits à la maison ». Le producteur de l’émission, Gilles Gallud, expliquait au Forum de l’IDATE qu’il avait déjà reçu 20.000 créations vidéo, dont 5% ont été sélectionnées et 3% ont été diffusées sur Canal+ avec en moyenne 1 million de téléspectateurs. Fin 2006, TF1 s’est appuyé sur sa filiale WAT pour mettre à l’antenne nuitamment Watcast, sur la base des meilleurs contenus vidéo repérés sur sa plateforme UGC (User-generated content). Les chaînes de la TNT ainsi que les chaînes thématiques du câble, de l’ADSL et du satellite, avec leur mode de production low-cost, devraient être les suivantes en 2007 à généraliser cette expérience de diffusion des vidéastes de talents dans leur grille. Mais, au-delà de la simple récupération de contenu bon marché, les chaînes les plus ambitieuses devraient aussi s’appuyer sur leur public pour « co-produire » certains de leurs programmes, pas financièrement s’entend, mais avec l’implication des téléspectateurs dans une démarche de « co-création » de contenus audiovisuels. Sujet passionnant et innovant sur lequel je viens de rédiger un mémo, « La TV 2.0 et l’enjeu du média participatif », pour le directeur général d’une grande chaîne hertzienne. En fonction de la suite qu’il y donnera ou pas, je publierai éventuellement ces recommandations sur mon blog et sur YouVox Tech. Avis aux professionnels de la télévision, çà c’est du « Co-generated media » ;-)

A titre personnel, le « Co-generated media » me servira de fil conducteur en 2007. Après deux années chez le câblo-opérateur Noos, avec quelques satisfactions autour de la VOD (video on demand) et la FOD (free on demand), je viens de reprendre ma liberté professionnelle. En tant qu’entrepreneur des nouveaux médias, je vais continuer de développer YouVox avec mon associé Christian. N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez rejoindre nos rédactions ou nous proposer des thèmes de magazines. Je travaille également sur une autre structure, encore confidentielle pour quelques semaines, qui fera sûrement parler d’elle dans le domaine de la vidéo sur Internet et de la télévision. Enfin, les grands groupes média ou new media cherchent à comprendre le Web 2.0 et la TV 2.0. Il y aura certainement des challenges à relever de ce côté-là.

Comme mon ami Antoine, 2007 sera donc l’année de la Ré-invention !

« Re-imagine your life ! »… Difficile de souhaiter de mieux.

Et vous, comment voyez-vous cette nouvelle année pour la télévision et la vidéo numérique ? Vos challenges ? Vos pronostics ?

Génération digitale, mais génération duale

Tous ceux qui sont nés après 1976 ont pour point commun de baigner naturellement dans le numérique, le digital en anglais. Rappelons-le, 1976 marque l’avènement du premier Apple ; 1978, le Compact Disc ; 1981, le PC ; 1984, le téléphone GSM ; 1989, l’ADSL ; 1991, l’appareil photo numérique ; et 1995, le DVD,  si l’on se cantonne aux inventions numériques ayant plus de dix ans.

Pour reprendre la fameuse dichotomie de Marc Prensky, les enfants, adolescents et jeunes adultes sont des « digital natives », tandis que les personnes plus âgées sont des « digital immigrants ». A ce titre, les 15 – 30 ans incarnent aujourd’hui la première génération à avoir grandi avec ces nouvelles technologies puis l’Internet. Au sein du groupe de télévision MTV Networks (MTV, Game One, Nickelodeon), on parle de « génération digitale ». L’expression est même devenue la baseline de la chaîne Game One, dont une bonne part des programmes traite de l’actualité numérique.

La chaîne générationnelle du câble et du satellite, comme la plupart des grands médias, se demande comment communiquer avec cette jeune audience adepte du multi-tasking, comment la fidéliser devant le petit écran et bien sûr - in fine - comment gagner de l’argent grâce à elle. Pour mieux cerner sa cible, Game One a commandé une étude exclusive à l’institut Ipsos Insight. Les résultats, présentés sous le titre « Génération digitale, génération duale », donnent matière à réflexion.

Avant de retrouver en interview vidéo Thierry Cammas, PDG de Game One, puis Rémy Oudghiri, Directeur du département Tendances et Prospectives d’Ipsos, je vous propose quelques éléments saillants de cette étude.

D’abord, en quoi cette génération digitale est-elle duale ?

En fait, elle vit au cœur d’une mutation sociologique sous l’effet de bouleversements dans les technologies certes, mais aussi en médecine (génétique, chirurgie esthétique…), dans le domaine écologique (réchauffement climatique, crise de l’énergie, menaces sur la biodiversité...) et dans les relations internationales (11 septembre 2001, terrorisme, monde multipolaire…). Dans cette période transitoire, la jeune génération oscille en permanence entre des postures antagonistes : calcul / impulsion, bons plans / recherche de valeur, défiance / consumérisme, réalité / virtualité, optimisme / pessimisme…

Seconde caractéristique, cette génération est sur-équipée en multimédia (6 appareils en moyenne) et connectée en permanence via l’Internet (taux de pénétration de 90% sur les 15 – 30 ans) et via le mobile.

Troisième caractéristique, c’est la génération de l’Ego Casting, avec la possibilité de faire venir le monde à soi (où l’on veut, quand on veut, sur le terminal que l’on veut) et de devenir soi-même un média au travers des outils du Web 2.0 et de la TV 2.0 (génération YouTube).

Dans ce contexte, comment une chaîne TV dont le public est le reflet de cette jeune génération peut-elle pérenniser son activité ? Thierry Cammas, PDG de Game One, que j’avais déjà interviewé lors du lancement en France de MTV Overdrive en exclusivité pour les abonnés broadband du câble, se montre confiant. Ecoutez ses arguments, avant d’écouter ceux de Rémy Oudghiri d’Ipsos dans la vidéo juste en dessous.

Pour ma part, je ne partage pas du tout le second point de Thierry sur la fonction agrégative de la télévision. Aujourd’hui, la plupart des plateformes de partage vidéo proposent des systèmes de playlist qui permettent de gérer sa propre programmation et de la partager. Son premier point sur la présence du poste TV dans le lieu de primo-socialisation qu’est le salon ou le séjour devrait tenir encore quelques années. De même que le 3e point sur l’échelle de valeur éditoriale fixée par les chaînes, au travers du tri, de la hiérarchisation des contenus, me semble valide. Personnellement, j’aurai rajouté un 4e point sur la capacité de la télévision à rassembler une audience, à la fédérer en direct, durant un événement comme par exemple (au hasard ;-) les MTV Music Awards. Mais cela est plus difficilement transposable à une chaîne thématique comme Game One, compte tenu de son niveau d’audience et de son économie.

En complément de l’interview vidéo de Thierry Cammas, ci-dessus, voici à présent celle de Rémy Oudghiri, Directeur du département Tendances et Prospectives d’Ipsos. C’est lui qui a réalisé l’étude « Génération digitale, génération duale » pour le compte de la chaîne Game One.

Et vous, que pensez-vous de l’avenir de la télévision auprès de la génération digitale et des suivantes ?

Vinvin, talentueux vidéaste cherche business model

Dernier volet de ces deux jours passés à la conférence Le Web3, avec l’interview vidéo sur place de l’ami Cyrille de Lasteyrie, alias Vinvin, qui intervenait dans le panel « How TV may die through content ? » aux côtés des fondateurs des sites Xolo.TV et MobuzzTV. Soyons direct. Je me demande pour quelle raison un gars aussi doué que lui pour la télévision ne peut pas vivre pleinement de son talent ?

La réponse réside dans le fait que la vidéosphère n’a pas encore trouvé l’équation économique permettant de rémunérer correctement les créateurs. Depuis plus d’un an, Cyrille enchaîne les concepts humoristiques avec succès. Il est devenu une star de la vidéo sur le web. Les 28 épisodes de sa saison 1 de Bonjour America ont généré un demi million de visionnages. Rapporté à l’audience d’une chaîne de télévision ou à la sortie en salle d’un film, çà n’est déjà pas si mal pour un auteur-réalisateur-acteur autoproduit qui se filme dans sa salle de bain !

Cet automne, concomitamment au démarrage de la saison 2 de Bonjour America, Cyrille s’est aussi lancé sur le mobile grâce à un mécène de la Pay-TV qui lui achète son show hebdomadaire Le Télépathe. Enfin, il vient de créer sa boîte de prod, Vinvin Entertainment, qui devrait bientôt porter ses projets de Web TV.

Mais combien de temps pourra-t-il tenir sans pré-financement des programmes qu’il produit et sur lesquels il investit 200% de son temps et de son talent ? Cyrille réclame que, comme dans l’économie de la télévision, les diffuseurs web participent en amont de la diffusion à l’achat de sa production. Un vrai financement, et non une simple avance sur recette, un à-valoir, comme le propose pour le moment DailyMotion à ses creative users. Pour le reste, il croît plus à la publicité vendue directement auprès d’annonceurs, comme le site CashStore.Fr de Catherine Barba qui sponsorise Bonjour America.

Si le Web 2.0 et la TV 2.0 sont des concepts séduisants sur le papier, avec de réels usages et des succès d’audience, personne n’a encore prouvé que l’UGC (user generated content) original et de qualité pouvait être monétisé dans un processus industriel. Le risque est donc grand que des vidéastes de talent se lassent et disparaissent.

A mon avis, la solution pourrait passer par la mise en place de plateformes collaboratives de pré-financement des créateurs en tous genres. Un site de ce type existe déjà au Pays-Bas sur la musique. Le principe est que chacun peut verser en fonction de ses moyens et de ses coups de cœur une contribution financière au talent de son choix et devenir ainsi son co-producteur. Si vous voulez vous lancer dans ce business, écrivez-moi, je suis partant !

A propos des Pays-Bas, un scoop. Mon camarade Guido Van Nispen, rencontré lors d’un dîner d’entrepreneurs après Le Web3, m’a confié qu’il souhaitait inviter Vinvin au prochain Picnic à Amsterdam. Il est lui aussi sous le charme. Unbelievable, isn’t it ?

En attendant son heure de gloire, Cyrille nous donne sa vision de show-(business)man, son point de vue de créateur. Moteur… action !

Le Web 3 + TV 2.0 = Le WebTV 5.0

Vous n’avez rien compris au titre de cet article ? Normal, si vous n’êtes pas dans la cible des moins de 25 ans.

Après avoir évoqué l’enjeu de l’indexation des contenus vidéo, la table ronde « How TV may die through distribution ? » de la conférence internationale Le Web3, s’est intéressée aux nouveaux modes de consommation de la télévision chez le jeune public. Alors, êtes-vous djeunz, vous, hein ? En tout cas, ces nouvelles générations sur-consommatrices de médias en multi-task font voler en éclat les schémas classiques de la distribution audiovisuelle.

Ouriel a questionné les intervenants sur cette évolution des usages, incarnée par l’explosion de la vidéo sur Internet.

Voici quelques mots-clés pour vous repérer à l’intérieur de cet extrait vidéo (full English speaking) : PSP, iPod, mobile, Apple, iTV, YouTube effect, CBS, DailyMotion, creative users, majors, TV, UGC, speaker, listener.

De droite à gauche, par ordre d’apparition à l’écran :

• Ouriel Ohayon  (animateur) – TechCrunch France
• Rodrigo Sepulveda – PDG Vpod.tv
• Stephan Lechère – Directeur des partenariats Google Video France
• Benjamin Bejbaum – PDG DailyMotion
• Suranga Chadratillake – PDG Blinkx

A suivre sur ce blog, une interview au Web3 de Cyrille de Lasteyrie, alias Vinvin, qui nous dévoile ses nouvelles activités audiovisuelles, avec une réflexion sur le pré-financement des nouveaux talents vidéo du web. Vous pouvez aussi vous remémorer la première, tournée au début de l’année.

Le Web 3 : la vidéo mise à l’index

La conférence internationale Le Web3 ne s’est pas contentée d’aborder la distribution TV et vidéo sous l’angle de la technologie P2P. Lors de la seconde journée, la parole était aux experts du partage de vidéos sur le web. Le titre de la table ronde, volontiers provocateur, « How TV may die through distribution ? », n’a pas été éludé.

Répondant aux questions d’Ouriel Ohayon de TechCrunch France, les managers de Vpod.tv, DailyMotion, Google Video France et Blinkx.tv, ont d’abord analysé l’importance capitale de l’indexation des contenus sur les plateformes de video-sharing. En effet, sans taggage, sans hiérarchisation humaine et sans algorithme de recherche adapté, comment l’internaute peut-il trouver les contenus vidéo les plus pertinents, les plus intéressants, sur ces sites de destination recensant parfois plusieurs millions de programmes non éditorialisés  ?

Face à cette problématique de guidage des internautes, c’est le moteur de recherche spécialisé Blinkx qui tire son épingle du jeu. Son PDG, Suranga Chadratillake, a rappelé qu’il travaillait depuis peu avec toutes les plateformes de partage vidéo présentes autour de cette table. Le dernier en date étant Vpod.TV. Comme déjà j’ai eu l’occasion de l’expliquer, Blinkx dispose d’une puissante technologie de reconnaissance vocale (speech-to-text) mais aussi de reconnaissance d’images (visages, textes des sous-titres), qui lui permet de générer automatiquement des mots-clés dès qu’un flux vidéo est publié et ensuite d’indexer ces méta-datas dans une base de données. C’est ce savoir-faire en recherche vidéo que la société californienne vend à ses clients, les grands networks TV américains comme les portails internet.

Dans cet extrait vidéo de la conférence leweb3, vous allez entendre (full English speaking) les interventions successives des intervenants sur ce point capital de l’indexation des contenus vidéos, notamment ceux générés par les utilisateurs eux-même. Comment s’y prennent ces différentes plateformes UGC (User-generated content) pour aider les internautes à trouver ce qu’ils recherchent dans la vidéosphère ?

De droite à gauche, par ordre d’apparition à l’écran :

• Ouriel Ohayon  (animateur) – TechCrunch France
• Rodrigo Sepulveda – PDG Vpod.tv
• Stephan Lechère – Directeur des partenariats Google Video France
• Benjamin Bejbaum – PDG DailyMotion
• Suranga Chadratillake – PDG Blinkx

A suivre sur ce blog :

- Une séquence, extraite du même panel de la conférence leweb3, sur l’évolution des usages autour de la vidéo et de la télévision chez les jeunes.

- Une interview de Cyrille de Lasteyrie, alias Vinvin, qui nous dévoile ses nouvelles activités audiovisuelles, avec une réflexion sur le pré-financement des nouveaux talents vidéo du web. Vous pouvez aussi vous remémorer la première, tournée au début de l’année.

La TV, version Peer-to-Peer, au web3

L’homme qui a révolutionné l’industrie de la musique avec Kazaa est aussi celui que l’on surnomme le « Gutenberg des télécoms » pour avoir lancé quelques années plus tard Skype. Jamais deux sans trois ? Probable…

Le Suédois Niklas Zennström était le premier invité de marque de la conférence internationale Leweb3 qui a débuté ce lundi à Paris. Comme vous allez l’entendre dans la vidéo ci-dessous, Niklas s’apprête à lancer en 2007 son « Venice Project » qui s’attaque cette fois à l’industrie de la télévision. Bien sûr, son projet repose comme pour Kazaa et Skype sur un système décentralisé en peer-to-peer qui permet de réduire drastiquement les coûts de bande-passante de ce service de distribution audiovisuelle via l’internet haut débit.

Interrogé par Loïc Le Meur, grand ordonnateur de la conférence, Niklas Zennström a expliqué qu’il ambitionne avec son « Venice Project »  - forcément disruptif avec la distribution traditionnelle hertzienne, par câble ou par satellite – de marier le meilleur de l’internet et de la télévision. Ce qui donne un triptyque : personnalisation, communautés, ciblage. De la vraie TV 2.0, comme je l’aime !

Afin de rassurer les créateurs de contenus, Niklas prétend qu’il souhaite les mettre en relation directement avec leur public. Ce qui ne l’empêche pas, selon la presse, de discuter aussi avec les grands réseaux télévisés pour distribuer leurs chaînes traditionnelles.

Vous pouvez vous faire une idée de l'interface de "The Venice Project" chez Cédric Giorgi, qui est l'un des béta-testeurs (merci pour le lien Aurélien).

Chez nous, en France, un autre entrepreneur que j’aurai bientôt l’occasion d’interviewer prépare un projet similaire de distribution TV en P2P. Il s’agit d’Arthur Madrid, PDG de 1-Click-Media, avec son « Madrid Project ». On en reparle bientôt ici, avec quelques exclusivités. Dans les coulisses du web3,  Arthur m’a confié que ce qui pourrait faire le succès de son concurrent Niklas, ce serait l’intégration du « Venice Project » au sein de la communauté Skype avec ses millions d’utilisateurs dans le monde.

Il faut croire que la P2P TV va devenir à la mode. Puisque j’ai également rencontré au web3, dans la Start-up Room, le fondateur de la société SoloTV. Un français aussi, qui compte proposer d’ici 7 à 8 mois une solution de iPVR (Personal Video Recorder via l’Internet haut débit en peer-to-peer). Là aussi, j’aurai l’occasion d’en reparler. Car, à ce stade, j’ai fait part au fondateur de SoloTV de mes doutes sur le risque juridique d’une telle solution, notamment vis-à-vis des bouquets agrégateurs de chaînes.

Place à présent à la vidéo de Niklas Zennström. Il a de l’humour le bougre, puisqu’il conclut qu’il a l’ambition de rendre plus intelligent les « coach potatoes », comprenez les téléspectateurs vautrés sur leur canapé !

J’ai filmé avec mon nouveau Nokia N93 cette interview par Loïc Le Meur, in English of course, à une vingtaine de mètres. Désolé pour les conditions techniques, y compris le bruit du zoom du N93 à la fin qui réveillera les « PC potatoes ». Try to enjoy !

A suivre sur ce blog :

- L'échange entre experts du partage de vidéos sur le web (Vpod.tv, DailyMotion, Google Video France et Blinkx.tv) sur le thème de l'indexation des contenus et des tags. 

- Une séquence, extraite du même panel de la conférence leweb3, sur l’évolution des usages autour de la vidéo et de la télévision chez les jeunes.

- Une interview de Cyrille de Lasteyrie, alias Vinvin, qui nous dévoile ses nouvelles activités audiovisuelles, avec une réflexion sur le pré-financement des nouveaux talents vidéo du web. Vous pouvez aussi vous remémorer la première, tournée au début de l’année.

La VOD recrute, bienvenue au Club !

Exceptionnellement un message de service sur ce blog ou plus exactement une offre d’emploi. De par ma position particulière de professionnel des nouveaux médias et de la TV 2.0, j’ai la chance de bénéficier d’informations « off » sur le marché et les acteurs. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le secteur de la VOD (vidéo à la demande) et de la TV par ADSL prend son envol depuis un an. Du coup, de nouvelles compétences, à la croisée des chemins entre contenu, marketing, technologie et business développement, sont recherchées. Plusieurs sociétés du secteur m’ont fait part de leur difficulté à recruter sur ces profils hybrides.

Le contexte est porteur. L’opérateur triple-play Alice annonce le lancement de son offre VOD payante sur TV le 14 décembre à Paris et le 14 janvier sur le reste du territoire. Alice a fait le choix de travailler avec un agrégateur, en l’occurrence la plateforme VOD de VirginMega. De la même manière, Free travaille avec Canalplay sur la Freebox tandis que Neuf a choisi de s’appuyer sur Glowria. D’autres acteurs de l’accès ont quant à eux préféré remonter d’un cran dans la chaîne de la valeur en internalisant l’agrégation des contenus vidéo premium en plus de leur distribution. C’est le cas de France Telecom avec son service Orange Vidéo 24/24 sur LiveBox. Ou encore du câblo-opérateur Noos – Numéricâble qui prépare sa propre offre de VOD sur TV pour début 2007, après avoir pris les devants en matière de VOD sur PC.

Parmi les acteurs qui comptent sur le marché français du haut débit, Club Internet a aussi fait le choix de créer et d’intégrer son propre service de VOD sur sa plateforme Microsoft IPTV (MSTV). Pour les détails sur le produit VOD et l’offre TV de Club, je vous renvoie aux annonces de Marie-Christine Levet, Présidente de T-Online France, lors du Forum de l’IDATE à la mi-novembre.

Aujourd’hui, mon confrère Nicolas Bry, Directeur des Produits & Services de Club Internet, cherche à étoffer son équipe marketing. Compte tenu de l’audience qualifiée de ce blog (30.000 visiteurs uniques / mois ; principalement des pros des secteurs audiovisuel, média, internet, télécom), avec son accord, je publie cette offre d’emploi pour un poste de Responsable Acquisition TV / VOD.

Ses principales missions seront :

• Définir et négocier les contenus TV/VoD pour proposer aux clients Club Internet une offre attractive en conquête et à fort potentiel d’usage :

- Pour l’offre de chaînes TV IPTV (200 chaînes)

- Pour l’offre de vidéos à la demande (> 1000 programmes) : films, jeunesse, musique, documentaires, sports, vente à l'unité et à l'abonnement, free vod

• Garantir le périmètre et le TTM (time-to-market) définis dans le plan marketing et le plan produit

• Assister et se coordonner avec le responsable des programmes TV/VOD pour assurer la cohésion du bouquet TV et du catalogue VOD et l'alimenter dans la définition de la stratégie contenus IPTV

• Echanger avec le chef de marché pour élaborer l’offre et le pricing autour des contenus TV / VoD

• Se coordonner avec la direction technique pour la captation des chaînes et avec le chef de produit IPTV pour l’intégration dans le plan de services et le catalogue MSTV

• Gérer la relation avec les partenaires afin d’élaborer ensemble des opérations spéciales et de bénéficier de contenus exclusifs ou les plus « frais » possibles.

Un beau job, un beau challenge. Précisions : le poste est rattaché au Responsable des Programmes TV / VOD, préférence pour un profil junior ou autour de la trentaine. Si vous êtes intéressé, envoyez votre candidature à Nicolas Bry [coordonnées supprimées le 15 décembre 2006, car le poste est pourvu, après avoir reçu une dizaine de candidatures].

Inutile de m’écrire, je n’embauche pas en ce moment ;-)

Pour les prochaines opportunités, et il y en aura, connectez-vous à mon réseau dans LinkedIn.

Et puis, tout n’est pas perdu, si vous avez un talent d’écriture. Sur YouVox, nous recherchons des experts, des passionnés, pour nos thématiques Nouvelles Technologies, Voyage, Environnement, Marketing, Economie/Finances. Libre à vous également de nous proposer un thème de magazine.

ScrOOn : la vidéo UGC convergente

Je scroone, tu scroones, il scroone, nous scroonons… c'est le rêve d’Alexandre Mars.

Ce jeune serial-entrepreneur du web et du mobile récidive avec une nouvelle société dont il espère que le nom entrera dans le langage courant, au même titre que « bloguer » ou « googler » sont devenus des verbes. Sa marque : ScrOOn. Facile à retenir une fois que vous aurez regardé dans le blanc des yeux son logo très expressif, avec deux O majuscules en forme d’oeil pour mieux « screener » ou désormais « scrooner » vos vidéos.

Pour le moment, la plateforme est en Beta privée. Elle passera en Beta ouverte le 20 décembre. Cela fait quelques mois qu’Alexandre Mars me distille des infos sur sa plateforme vidéo UGC (User Generated Content, contenu généré par les utilisateurs). J’avais commencé à en parler discrètement à la mi-juillet dans un commentaire sur Wideo, la TV 2.0 de M6 par Kewego. Puis, Alexandre m’a invité début septembre à voir tourner la version Alpha de ScrOOn. Je l’ai trouvée fluide, bluffante, intuitive. Ouriel Ohayon de TechCrunch fait aussi partie des initiés de ces derniers jours et vient de publier une note complète après test de Scroon. Aujourd’hui, je ne peux pas encore tout vous raconter – j’ai promis de garder confidentielles bon nombre d’informations jusqu’à ce qu’Alexandre les rende publiques – mais à l’occasion de la sortie du premier communiqué de presse, voici ma perception du produit.

De prime abord, ScrOOn ressemble à n’importe autre site de partage de vidéo. Et pourtant, en regardant de plus près, la plateforme dispose de spécificités qui la différencient de ses nombreux concurrents :

• ScrOOn a été conçu et bâti d’emblée sur une architecture convergente entre le web et le mobile. Autrement dit, ce n’est pas un site internet de partage vidéo auquel on a rajouté une application mobile, ou l’inverse. ScrOOn permet d’envoyer des vidéos depuis son ordinateur, mais aussi depuis son mobile. Idem pour la consultation des fichiers vidéo publiés qui se fait aussi bien sur le PC/Mac que sur le mobile.
• A ce jour, il suffit d’envoyer sa vidéo par MMS pour l’uploader en situation de mobilité. Mais, courant 2007, les Scrooneurs pourront en plus faire du broadcast depuis leur mobile – en streaming 3G – dans la rubrique Live TV du site et se transformer en vidéo-reporter. Tout cela, sous le contrôle de la communauté qui désignera les programmes qu’elle souhaite voir en direct et des modérateurs de ScrOOn. Ce thème du citoyen-reporter est d’actualité avec l’annonce du lancement de « You Witness » par Yahoo et Reuters.
• ScrOOn combine une expérience utilisateurs multi-format (partage de photos et de vidéos, Live TV) et multi-terminal (ordinateur, mobile), avec des logiques communautaires (réseau social, partage de playlist, instant messaging sur technologie Jaber). Comme sur tous les sites vidéo UGC, la personnalisation, la viralité et les outils communautaires sont au service des contenus pour maximiser leur diffusion.
• Le modèle économique de ScrOOn n’est pas BtoC (business to consumer), mais totalement BtoB (business to business). Avec un déploiement concomitant ou presque dans 10 pays européens, Alexandre Mars vise une cinquantaine de clients professionnels qui utiliseront sa plateforme, sa technologie, sous leur propre marque. Son cœur de cible : les grands médias (presse, radio, TV), les fournisseurs d’accès à internet, les sites communautaire et bien sûr les opérateurs mobiles. ScrOOn leur est proposé sur la base d’un set-up fee (frais de mise en place), de frais mensuels et d’un coût variable pour mille vidéo vues. Libre ensuite à ces partenaires de marier sur la plateforme les contenus audiovisuels professionnels dont ils détiennent les droits et les contenus perso des utilisateurs. Chaque partenaire a également le choix de syndiquer ou non le contenu de sa communauté avec celui des autres partenaires de ScrOOn.

Sur le plan commercial, la bataille risque d’être rude avec les compétiteurs européens. J’en ai recensés pas moins de six rien qu’en France (WAT, Kewego, DailyMotion, MoblR, Vpod.tv, Eyeka), auxquels il faut ajouter les MySpace, YouTube, Google Vidéo et les autres acteurs de la vidéo UGC dans chaque pays. Toutefois, grâce à l’expérience internationale acquise par Alexandre Mars et son équipe au travers de la société PhoneValley, ScrOOn a déjà signé plusieurs partenaires média en Europe. Un gros partenariat TV 2.0 – ultra-sexy par son audience et révolutionnaire par la cinématique du programme TV – sera officialisé dans les prochaines semaines !