500.000 téléspectateurs pour une minute de gloire warholienne. Quel internaute prétendant avoir des talents de vidéaste n’a jamais rêvé d’une telle opportunité de visibilité ?
500.000 téléspectateurs, c’est l’audience potentielle de la première émission de WATCAST qui sera diffusée le 17 novembre à 2h20 sur l’antenne de TF1.
So, what is WAT ? And what is WATCAST ?
Je serais tenté de répondre que c’est un casting TV 2.0, généré par les utilisateurs.
Olivier Abecassis, directeur de cette filiale de TF1, m’a quant à lui livré son interprétation dans l’interview vidéo ci-dessous.
D’abord, quelques éléments factuels pour planter le décor. Le site web WAT.tv, acronyme de « We Are Talented » est une plateforme d’hébergement de contenus autoproduits (UGC, user-generated content). On y trouve des photos, de la musique et bien sûr de la vidéo. « Pas exactement le même type de vidéos que sur des plateformes de partage comme DailyMotion et YouTube », explique Olivier Abecassis. En principe, pas question de trouver sur WAT du contenu professionnel piraté et mis en ligne par les internautes. Surprise pour moi tout de même, ce vendredi soir, lorsque je tombe en page d’accueil de WAT sur une séquence promotionnelle pour le film « Borat », manifestement mise en avant par l’équipe éditoriale du site. Un partenariat commercial avec le distributeur du film ? Sûrement. On comprend mieux alors pourquoi Olivier Abecassis déclare que son unique concurrent est le site communautaire MySpace, lui-même partenaire à l’échelle internationale de la sortie de « Borat ».
Côté metrix, plus de 5 millions de contenus devraient être consultés sur WAT.tv ce mois-ci, principalement des vidéos stockées et diffusées grâce à la solution technique fournie en marque blanche par DailyMotion. Au cours d’une visite, un internaute consulte en moyenne 7 pages. Ce taux d’usage est un indicateur clé à suivre, de même que le temps passé, compte tenu du modèle économique publicitaire du site web. A terme, WAT envisage d’introduire des billboards de publicité en pré-roll avant chaque vidéo, avec un système de partage de revenu - à l'instar du site américain Revver - pour récompenser les auteurs de contenus autoproduits et les intéresser au succès d’audience de la plateforme. Une manière de fidéliser les nouveaux talents, comme la pétillante Géraldine Fréry, alias Amanda Fromici, qui s’est chargée de la bande-annonce pour la première de WATCAST.
C’est dans les contenus forts et originaux que réside la vraie valeur de WAT. La plateforme technologique n’est qu’un catalyseur. Selon Olivier Abecassis, « la communauté naît du networking des contenus, lorsque les membres s’encouragent et se critiquent ». L’équipe technique de WAT a mis au point des algorithmes qui permettent de repérer les vidéos les plus vues certes, mais surtout celles qui le sont dans leur intégralité et non pas zappées au bout de 3 secondes. La promesse de visibilité de WAT est basée sur une appréciation qualitative, pas uniquement quantitative, des talents.
Pour WATCAST, « la première émission TV faite par les internautes » , l’équipe éditoriale a rajouté encore d’autres critères pour sélectionner ses talents. Non seulement la vidéo retenue doit avoir du succès sur le site web, mais il faut aussi qu’elle ait un potentiel sur la télévision. Concrètement, cela signifie que pour passer à l’antenne les contenus doivent être rythmés, avec une lumière et un son de qualité… le prix de la crédibilité pour WATCAST et TF1.
Le prix, justement, venons-y ! WATCAST est une émission hebdomadaire de 15 minutes (15 minutes pour son 1er numéro, mais elle pourrait monter à 26 minutes en cas de succès) produite par la structure WAT et diffusée sur l’antenne de sa maison-mère en 4e partie de soirée… entendez par là au beau milieu de la nuit. Dans chaque numéro, 7 à 10 vidéastes (reportage, fiction, humour,…) seront sélectionnés pour une durée de 1 à 2 minutes par vidéo. Il pourrait y avoir des personnages et / ou des talents récurrents (je parie personnellement sur la présence d’Amanda Fromici). En tant que producteur de l’émission TV, WAT verse à chaque vidéaste un forfait sous forme de droits d’auteur. Moins de 150 euros, si vous écoutez attentivement l’interview vidéo d’Olivier Abecassis. [update du 15/11/2006 : lors de la conférence de l'IDATE, le Directeur adjoint de WAT François Pellissier a révélé que le tarif unitaire était de 100 euros. Une information qu'Olivier Abecassis m'avait demandé de garder confidentielle lors de notre entretien]. Cela inclut une exclusivité TV, et uniquement TV, pendant 6 mois, pour la vidéo de 1 à 2 minutes sélectionnée, et uniquement cette vidéo. WAT se réserve juste le droit de diffuser son émission WATCAST sur d’autres chaînes de télévision que TF1. Eurosport, autre filiale du groupe, a déjà manifesté son intérêt pour ce concept d’émission 100% UGC.
Autres perspectives de développement pour la plateforme WAT, la diffusion des meilleurs contenus vidéo sur mobile et des partenariats avec des maisons de disques pour produire / distribuer les talents musicaux qui émergeront sur le site web.
D’une manière générale, WAT a pour ambition de développer sa marque propre par des partenariats de visibilité comme celui avec l’antenne de TF1. Tout cela doit concourir à la venue de nouveaux talents sur le site et, vertueusement, à une meilleure monétisation publicitaire des contenus générés par les utilisateurs.
A présent, place à l’un des talents professionnels de WAT, en la personne de son directeur Olivier Abecassis, avec ces 6 minutes d’interview vidéo.