Dernier volet de ces deux jours passés à la conférence Le Web3, avec l’interview vidéo sur place de l’ami Cyrille de Lasteyrie, alias Vinvin, qui intervenait dans le panel « How TV may die through content ? » aux côtés des fondateurs des sites Xolo.TV et MobuzzTV. Soyons direct. Je me demande pour quelle raison un gars aussi doué que lui pour la télévision ne peut pas vivre pleinement de son talent ?
La réponse réside dans le fait que la vidéosphère n’a pas encore trouvé l’équation économique permettant de rémunérer correctement les créateurs. Depuis plus d’un an, Cyrille enchaîne les concepts humoristiques avec succès. Il est devenu une star de la vidéo sur le web. Les 28 épisodes de sa saison 1 de Bonjour America ont généré un demi million de visionnages. Rapporté à l’audience d’une chaîne de télévision ou à la sortie en salle d’un film, çà n’est déjà pas si mal pour un auteur-réalisateur-acteur autoproduit qui se filme dans sa salle de bain !
Cet automne, concomitamment au démarrage de la saison 2 de Bonjour America, Cyrille s’est aussi lancé sur le mobile grâce à un mécène de la Pay-TV qui lui achète son show hebdomadaire Le Télépathe. Enfin, il vient de créer sa boîte de prod, Vinvin Entertainment, qui devrait bientôt porter ses projets de Web TV.
Mais combien de temps pourra-t-il tenir sans pré-financement des programmes qu’il produit et sur lesquels il investit 200% de son temps et de son talent ? Cyrille réclame que, comme dans l’économie de la télévision, les diffuseurs web participent en amont de la diffusion à l’achat de sa production. Un vrai financement, et non une simple avance sur recette, un à-valoir, comme le propose pour le moment DailyMotion à ses creative users. Pour le reste, il croît plus à la publicité vendue directement auprès d’annonceurs, comme le site CashStore.Fr de Catherine Barba qui sponsorise Bonjour America.
Si le Web 2.0 et la TV 2.0 sont des concepts séduisants sur le papier, avec de réels usages et des succès d’audience, personne n’a encore prouvé que l’UGC (user generated content) original et de qualité pouvait être monétisé dans un processus industriel. Le risque est donc grand que des vidéastes de talent se lassent et disparaissent.
A mon avis, la solution pourrait passer par la mise en place de plateformes collaboratives de pré-financement des créateurs en tous genres. Un site de ce type existe déjà au Pays-Bas sur la musique. Le principe est que chacun peut verser en fonction de ses moyens et de ses coups de cœur une contribution financière au talent de son choix et devenir ainsi son co-producteur. Si vous voulez vous lancer dans ce business, écrivez-moi, je suis partant !
A propos des Pays-Bas, un scoop. Mon camarade Guido Van Nispen, rencontré lors d’un dîner d’entrepreneurs après Le Web3, m’a confié qu’il souhaitait inviter Vinvin au prochain Picnic à Amsterdam. Il est lui aussi sous le charme. Unbelievable, isn’t it ?
En attendant son heure de gloire, Cyrille nous donne sa vision de show-(business)man, son point de vue de créateur. Moteur… action !