Quel bonheur que d’entendre Viviane Reding défendre, avec conviction et énergie, le potentiel des industries européennes des contenus et des technologies de l’information !
Devant un parterre de dirigeants des télécoms, réunis par l’IDATE à Paris à l’occasion de la sortie du rapport DigiWorld 2007, la Commissaire européenne en charge de la société de l’information et des médias a donné ses grandes priorités.
Sur la télévision numérique de terre (TNT), elle pense que le « switch-over » (migration) en 2010 et le « switch-off » (extinction de l’analogique) en 2012 sont atteignables dans la plupart des Etats membres. Elle compte d’ailleurs faire dès cet été des propositions sur l’usage des fréquences hertziennes qui seront ainsi libérées, ce que l’on appelle le « dividende numérique ».
Pour la TV sur mobile, Viviane Reding voit clairement une opportunité de déploiement commercial en 2008 avec les contenus événementiels des Jeux Olympiques de Pékin et l’Euro 2008 en football. Il faudra rapidement se mettre d’accord entre Européens sur « une norme unique, forte et qui a fait ses preuves ». La Luxembourgeoise ne cache pas que la norme européenne DVB-H, compatible avec la TNT, a ses faveurs. Elle espère d’ailleurs que cette norme broadcast connaîtra le même succès au niveau mondial que le GSM européen dans les communications vocales. Sur le plan opérationnel, la télévision mobile personnelle (TMP) devra passer les frontières sans restrictions. Ce qui induit donc un standard inter opérable, mais aussi des fréquences réservées sur l’ensemble du territoire européen. Madame Reding présentera avant l’été une communication sur les aspects technique et contenu. Sur ce dernier point, elle ne souhaite pas opposer la production des télévisions publiques à celle des télévisions privées.
Cette conférence à Paris avait pour objectif principal de présenter la 7e édition du rapport annuel DigiWorld de l’IDATE. Vous retrouverez les points saillants de l’ouvrage de 171 pages résumés dans une partie du communiqué de presse sous les deux vidéos. J’ai en effet choisi de diffuser, avec son accord, deux extraits de l’intervention de Gilles Fontaine, Directeur Général Adjoint de l’IDATE, sur la TV 2.0 et la bataille entre acteurs des médias et des télécoms. La qualité audio comme vidéo de mon téléphone atteint ses limites, mais en tendant l’oreille vous saisirez dans la bouche de cet expert des analyses très pertinentes sur les évolutions en cours.
Le premier extrait porte sur le Web 2.0 et la contribution des internautes à des sites de partage vidéo comme YouTube. Gilles Fontaine n’hésite pas à parler de « User Recorded Content » (contenu TV enregistré par les internautes) plutôt que de « User Generated Content ». Il évoque le modèle économique des sites Web 2.0, les limites du concept « Long Tail », le transfert de la publicité hors média vers l’Internet, le rôle des agrégateurs de trafic.
Le second extrait vidéo de l’intervention de Gilles Fontaine, Directeur Général Adjoint de l’IDATE, porte sur la bataille entre opérateurs télécoms et acteurs de l’audiovisuel qui tendent de plus en plus à remonter pour les premiers et à descendre pour les seconds dans la chaîne de la valeur. Les telcos comme les éditeurs cherchent à capter le maillon « services ».
Selon Gilles Fontaine, à l’heure de la TV 2.0 et de la vidéo sur Internet, la distinction entre chaîne de TV et VOD (vidéo à la demande) n’est pas morte. Pour survivre, les chaînes devront faire preuve de souplesse dans leur programmation, investir dans les événements et éviter l’hyper segmentation.
Extrait du communiqué de presse de l’IDATE :
Les enjeux du DigiWorld 2007 à travers 4 tendances clés
En octobre 2006, Google annonce l'acquisition de YouTube pour 1,65 milliard USD. Cette transaction et d'autres, opérées dans les semaines qui ont suivi ou intervenues quelques mois auparavant ont naturellement généré une interrogation sur le mode “bubble 2.0”. De fait, l'engouement pour certains sites Web 2.0, qui aura très nettement dominé l'année 2006, paraît parfois déraisonnable, et de nombreuses incertitudes entourent le phénomène. Au-delà de la mise en évidence du potentiel qui semble désormais résider dans les approches Web 2.0, l'acquisition de YouTube par Google fait ressortir l'avance irrésistible prise au cours de ces derniers mois par le leader des moteurs de recherche sur les autres géants de l'Internet. Grâce aux flux croissants de revenus que lui assurent ses liens sponsorisés, Google est le premier à bénéficier de la croissance de la publicité sur le Net. Son chiffre d'affaires, composé à 90 % de revenus publicitaires, est passé de 6,1 milliards USD en 2005 à 10,6 milliards USD l'an passé, tandis que ses résultats ont doublé pour atteindre 3 milliards USD. Cette performance a été reconnue par les marchés financiers, qui lui ont donné une valorisation dépassant 150 milliards USD en janvier 2007, tandis que Yahoo! voyait son cours s'affaisser au cours de la même année malgré plusieurs acquisitions Web 2.0 significatives (Flickr et Del.icio.us).
Durant le seul mois d'octobre 2006, le nombre d'utilisateurs de mobiles en Inde a augmenté de 6,7 millions, soit sensiblement plus que les quelque 5 millions mensuels auxquels nous a habitués le marché chinois. Le mobile, plus que tout autre produit, est un formidable marqueur du phénomène de globalisation. Il s'en sera vendu plus d'un milliard en 2006, quatre fois plus que d'ordinateurs, près de vingt fois le nombre de téléviseurs à écran plat… Cela suffit pour aiguiser l'intérêt des grands opérateurs occidentaux à la recherche de points de croissance. L'année s'est ainsi terminée par l'offre de quelque 8,5 milliards EUR (hors 1,5 milliard EUR de reprise de dette) de Vodafone pour les 67 % du 4ème opérateur indien, Hutchison Essar, détenus par Hutchison Whampoa. Cette opération est à rapprocher de la vente en 2006 des parts minoritaires détenues par Vodafone sur les marchés matures en Belgique (Proximus), au Japon (Vodafone Japan) et en Suisse (Swisscom Mobile). Grâce à cette acquisition et à d'autres, telle que l'acquisition de l'opérateur turc Telsim en mai 2006, Vodafone annonce qu'il réalisera le tiers de ses bénéfices sur les marchés émergents d'ici 5 ans.
L'annonce avait été faite en 2005, mais c'est finalement dans les derniers jours de décembre 2006 que la FCC donnait son feu vert à la fusion AT&T-BellSouth. Pourquoi retenir cette opération ? L'opération, évaluée à 85 milliards USD, est la plus importante de l'année dans les secteurs des TIC. Elle permet à AT&T, qui a été retenu l'année précédente comme nouveau nom par SBC quand il a racheté l'opérateur longue distance, de fusionner avec la dernière des Baby Bells restée indépendante. Le nouvel ensemble aura près de 70 millions de lignes et plus de 11 millions d'accès haut débit dans vingt-deux des Etats les plus peuplés. Mais surtout l'opération permet de rivaliser à armes égales avec Verizon en consolidant l'opérateur mobile Cingular (54 millions de clients) jusqu'ici “joint-venture” entre SBC et BellSouth. Ainsi l'opération s'inscrit clairement dans le contexte de la convergence fixe-mobile qui a connu une très nette accélération en 2006.
S’ils se situent à différents stades de développement, la télévision mobile, la télévision haute définition et la vidéo à la demande représentent trois voies de développement prometteuses pour un marché de la télévision en faible croissance dans les marchés industrialisés. Cependant la même inconnue, au total, pèse sur ces trois nouveaux services : constitueront-ils des centres de profit, parce qu’ils permettront de conquérir de nouveaux abonnés ou d’accroître l’ARPU, ou seront-ils simplement des leviers de fidélisation de la clientèle ?