Enfin une bonne nouvelle pour les chaînes de télévision locales analogiques : la plupart d’entre elles devraient accéder à la mi-2006 à une diffusion hertzienne par la TNT dans les zones géographiques où le numérique terrestre est déjà déployé.
Un bémol, toutefois : contrairement aux attentes des membres de l’AVICCA (Association des Villes et Collectivités pour les Communications électroniques et l'Audiovisuel), le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel n’a pas l’intention de leur accorder un multiplex complet de 5 canaux, comme le R5 dont l’affectation n’est pas encore décidée, mais juste un strapontin sur la TNT avec un seul canal sur le multiplex R1.
Philippe Levrier, président de la Commission TNT au CSA, a précisé ses intentions devant la presse le 25 janvier. Tandis que les 18 chaînes gratuites sont diffusées dans la norme MPEG2, la mise en place de la norme MPEG4 pour les chaînes payantes de la TNT va permettre, grâce à de meilleurs taux de compression du signal, de dégager des ressources hertziennes. C’est ce que l’on appelle dans le jargon technique le « dividende MPEG4 ». Concrètement, un canal supplémentaire devrait apparaître sur chacun des 115 émetteurs actuels de la TNT en réaménageant les multiplex.
L’idée du CSA est de faire de la pace en transférant une chaîne du multiplex R1 (France 2, France 3, France 4, France 5, Arte, LCP / Public Sénat) - probablement France 4 - vers le multiplex R2 (I-Télé, BFM TV, Direct 8, Jeunesse TV, Europe 2 TV, TMC). Pour cela, une des chaînes du R2 sera migrée vers le R3 (Canal+, Canal+ Cinéma, Canal+ Sport, Planète, Canal J) ou le R4 (M6, W9, TF6, Paris Première, AB1, NT1) qui hébergent une partie des futures chaînes payantes - en italique dans le texte - bientôt diffusées en MPEG4. Le multiplex R6 (TF1, LCI, Eurosport France, TPS Star, NRJ 12) ne serait a priori pas impacté dans cette partie de billard à deux ou trois bandes orchestré par Philippe Levrier. En novembre dernier, le conseiller du CSA avait confié, devant le séminaire de l’Institut Multimédias, entreprendre de discrètes négociations avec une poignée d’éditeurs de chaînes nationales numériques pour gérer ces transferts entre multiplex de la TNT.
Au final, ce sont les télévisions locales privées comme TLT, TLM, TéléGrenoble ou LCM qui devraient diffuser en numérique dans leurs agglomérations sur ce canal hertzien libéré. Sur une quinzaine de sites, le CSA devrait aussi accorder des autorisations à France 3 qui bénéficiera de décrochages supplémentaires sur le R1 pour diffuser simultanément deux éditions régionales voisines.
Reste une grande incertitude quant à l’utilisation qui sera faite du multiplex R5 disponible sur la TNT. Lors de la présentation de ses vœux, Dominique Baudis, le président du CSA, est resté évasif : « le CSA travaille sur les nouveaux services et les autres usages qu'offre la TNT : la télévision locale d'abord qui doit trouver sa place. Une consultation publique a été lancée fin 2005 pour l'utilisation de fréquences en région parisienne : nous avons reçu 34 contributions que nous sommes en train d'examiner. Mais aussi la TVHD et la télévision sur mobile pour laquelle nous avons mis en oeuvre des expérimentations en région parisienne. Les expérimentations devraient nous permettre de mieux cerner les attentes du public ».
Avant que ne soient rendus publics les résultats de ces expérimentations de télévision sur mobile, la bonne surprise pourrait venir du Conseil Général des Technologies de l’Information. Selon Philippe Levrier, le CGTI pourrait annoncer d’ici mars prochain un gain de 20% sur les fréquences de la TNT grâce à la norme MPEG-4. Auquel cas, le nombre de chaînes par multiplex pourrait passer de cinq à six. Dès lors, le CSA pourrait afficher de nouvelles ambitions pour les télévisions locales.
Pour ce qui est de la TVHD sur la TNT, un multiplex permettrait au mieux de diffuser 3 chaînes HD en MPEG-4. Cette préemption du « dividende numérique » ne serait pas forcément du meilleur effet alors que des vecteurs comme le câble et le satellite sont mieux positionnés pour la distribution de la haute définition.