Usages, contenu, économie, technologie, marketing, ce blog est un lieu d'échange autour des mutations de l'audiovisuel et de la TV 2.0 : Social TV, Second Screen, TNT, câble, fibre, ADSL, satellite, Internet, mobile, tablette, TVHD, interactivité, Smart TV, VOD, Web TV, On Demand, TV connectée, communautés, User Generated Content, catch-up TV, EPG, guide des programmes TV, Social Media
Album photo du voyage d'études dans le secteur Média & Télécom américain du 12 au 19 mars 2006. De New York à Los Angeles, en passant par San Francisco et la Silicon Valley, une vingtaine d'entreprises visitées
A la demande du site InaGlobal, La Revue des industries créatives et des médias, j'ai rédigé un article sur l'état de l'art de la Social TV : quand les téléspectateurs choisissent leur programme TV, échangent entre eux et participent à l’interactivité antenne au travers des réseaux sociaux.
Introduction :
Regarder la télévision a toujours été par nature une activité collective, génératrice de lien social, même si l’on est parfois seul devant son écran, comme l’explique le sociologue et spécialiste des médias Dominique Wolton : « Parce que nos sociétés sont celles du grand nombre et, par conséquent, abstraites, il leur faut un lien social. La télévision participe au modèle démocratique en ce sens qu'elle est un peu, dans le domaine culturel, le correspondant du suffrage universel dans le domaine politique. »
La télévision, média d’information, d’éducation et de divertissement, sait fédérer de larges audiences. Par la transmission du son et de l’image animée, ce média chaud et incarné permet de diffuser simultanément vers des millions d’écrans des événements que l’on partage avec émotion, comme les premiers pas de l’homme sur la Lune, les attentats du 11 Septembre ou la victoire des Bleus en finale de la Coupe du Monde de football. C’est aussi par excellence le média de la fonction phatique, telle que définie par le linguiste Roman Jakobson. Il nous est tous arrivé d’engager la conversation, le matin à la maison ou devant la machine à café au bureau, sur le thème du programme télévisé regardé la veille : « Tu as vu hier le reportage sur … ? ». La télévision est par essence le média du partage et des conversations, qui transcende la dimension sociétale du collectif et sociale de l’individu.
La suite de cet article sur la Social TV est à lire sur le site INAglobal, à cette adresse :
Google TV, Apple TV, Netflix, TiVo, Boxee, Hulu… la liste des prétendants au titre de champion de la télévision de demain est longue et la bataille fait rage aux Etats-Unis, comme en France bientôt. Tous ces nouveaux acteurs de l’éco-système audiovisuel n’en ont que pour nos yeux et le temps passé devant les écrans. Car ce temps-là, dans l’économie de l’attention, c’est de l’argent ! Celui qui contrôle la consommation vidéo des téléspectateurs a de fortes chances d’en tirer profit au travers de la vente de terminaux, de la publicité ou de la vente de contenus.
Malheureusement, dans cette bataille homérique pour le temps de cerveau disponible des consommateurs, il n’est pas évident que le téléspectateur trouve aisément le chemin des programmes TV qui lui conviennent le mieux. Comme l’explique sur le site ReadWriteWeb Axelle Tessandier, le simple vocable « télévision » cache une réalité plus complexe : « ce que l’on regarde (les contenus), comment on la regarde (la technologie et les formats) et d’où on la regarde (écran dans le salon, tablets, smartphones et autres) ».
Avec les terminaux connectés à Internet, la chaîne de distribution audiovisuelle se complexifie tout en s’ouvrant. Les opérateurs du câble et de l’ADSL, et même les chaînes de télévision, sont court-circuités par la désintermédiation. Le consommateur peut théoriquement regarder des centaines de chaînes de télévision et, par milliers, des programmes en vidéo à la demande… sous réserve d’accord entre plateformes et qu’utiliser sa ou ses télécommandes ne devienne pas un casse-tête !
Pour réussir à conquérir des parts de marché et des parts d’audience, les acteurs de l’édition et de la distribution audiovisuelle vont donc devoir proposer une offre simple pour les téléspectateurs qui repose sur la qualité de l’expérience utilisateur.
A quoi pourrait bien ressembler demain cette nouvelle expérience de la télévision, sans empilement d’appareils compliqués, ni multiplication d’abonnements ?
Comme l’écrit sur son blog l’investisseur américain Marc Cuban, à propos de l’avenir des plateformes Apple TV et Google TV, le téléspectateur moyen cherche à se divertir le plus simplement : « La télé dans son ensemble, ce n’est pas un business qui vise à créer du super contenu. C’est le business qui guérit le public de l’ennui ». Marc Cuban pense ainsi que le potentiel de la TV connectée sera plus dans les jeux sur la télé que dans les contenus vidéo traditionnels.
Point de vue inverse pour le PDG de Boxee, dont le boîtier connecté rapatrie sur le téléviseur les émissions TV disponibles gratuitement sur Internet. Quand on lui parle de convergence entre le Web et la télé, Avner Ronen réplique que « les gens ne veulent pas surfer sur leur TV. Ils sont intéressés par regarder du contenu. C’est tout ».
S’il est un point sur lequel Marc Cuban et Avner Ronen se rejoignent, c’est celui de l’expérience utilisateur. Au delà des contenus et de la technologie, il importe de simplifier la vie du téléspectateur avec sa zappette en main.
En Grande-Bretagne, Ian Valentin, le fondateur de Miniweb, agence spécialisée dans les services interactifs, explique dans le magazine IBE sa conception de la User Experience, l’UX pour les initiés. Au cœur de cette nouvelle télévision connectée, il y a les outils de découverte intégrés au guide des programmes : moteur de recherche, suggestion de contenus en relation avec un programme, partage et échanges communautaires, notation des programmes et recommandation, alerte sur les programmes favoris. Il part du principe que le contenu a plus d’importance que la chaîne TV qui le diffuse. Selon Ian Valentin, « la TV connectée est une TV améliorée dans laquelle le spectateur ne doit pas se soucier de la manière dont le contenu vidéo est délivré (télévision linéaire, vidéo à la demande, réseau multimédia domestique, enregistreur type PVR). Il faut juste simplifier l’expérience utilisateur pour que les coutures technologiques disparaissent ».
Au sein de la société californienne Punchcut, on pense que l’interface de la télévision de demain doit devenir holistique, intuitive si l’on préfère. Sur son site Web, les ingénieurs et ergonomes de Punchcut affirment que « la télévision n’est pas un appareil, c’est une expérience. C’est la tablette comme télécommande. C’est une vidéothèque que l’on surfe sur un terminal compagnon. Voilà ce qui se passe quand plusieurs écrans s’ajoutent à l’expérience. Et le plus important, c’est de pouvoir emporter ses contenus sur différents terminaux où que l’on se trouve et d’interagir avec sans interruption. L’expérience utilisateur de la TV du futur doit dépasser les contraintes du living-room et satisfaire les téléspectateurs en tous lieux».
Exactement la même vision que l’agence Nealite en France, qui suggère une approche ergonomique simplifiée des interfaces de la TV connectée : « l’expérience utilisateur prime sur le contenu », selon son président Jean-François Marti dans une interview vidéo au blog TV 2.0.
Ce n’est pas Peter Merholz qui dira le contraire. Le président de la société Adaptative Path est un spécialiste des problématiques de conception et d’usabilité. Il vient de mener une enquête sur le terrain, ou plutôt dans le salon, auprès de téléspectateurs américains. La présentation de ses résultats a captivé l’audience technophile de la conférence NewTeeVee Live à San Francisco cette semaine. Il en ressort que « la plupart des gens veulent juste regarder la TV, que ce soit simple et que ça marche». Peter Merholz explique que les téléspectateurs souhaitent garder la même expérience média : « Tout le monde ne veut pas le joujou dernier cri, avec des fonctionnalités trop compliquées ».
Dans sa présentation, il plaide pour une implication minimale rendant un service maximal au consommateur, citant en exemple le service de musique en ligne Pandora ou l’enregistreur numérique TiVo, mais aussi le bon vieux téléviseur avec un simple bouton marche-arrêt.
La simplicité doit s’imposer sur le plan technique comme dans l’expérience de l’utilisateur. Et pour cela, il faut limiter les frictions, les freins si l’on préfère. Au niveau technique, par exemple, ce sont des problèmes de connexion réseau ou de batteries trop faibles. Et au niveau de l’expérience, ce peut être des publicités intempestives, des paiements à l’acte à répétition ou la difficulté de trouver un programme. Selon lui, « Netflix a capitalisé sur un système sans friction» et « la TV par câble n’est pas perdue car c’est encore l’expérience la plus fluide pour voir des vidéos ».
Pour illustrer le thème de la simplicité, Peter Merholz montre côte à côte la télécommande d’une Google TV chez Sony et celle de l’Apple TV (voir l'illustration en haut de cette note). Il n’y a pas photo !
Enfin, il reconnaît l’intelligence supérieure du programmateur qui sélectionne les contenus dans la grille d’une chaîne de télévision. Car il doit intégrer le fait que, selon les moments de la journée, les téléspectateurs n’ont pas les mêmes envies entre information et divertissement. Tandis qu’avec des services à la demande comme Netflix, TiVo ou Apple TV, « tout ce que l’on a, ce sont des listes ».
Regardez en vidéo et en anglais la présentation de Peter Merholz, président de Adaptative Path, sur les nouvelles formes de télévision et l’expérience utilisateur lors de la conférence NewTeeVee Live 2010.
Presque une provocation. C’est juste en face de la tour TF1 de l’autre côté de la Seine, dans son loft numérique au dernier étage du siège de Microsoft France, que le portail MSN a dévoilé sa nouvelle grille de programmes et d’événements pour la saison 2010/2011. Et parce que les mots ont un sens, chez MSN, on ne se définit plus comme un portail mais comme « le premier média numérique grand public», « un média au cœur des conversations». D’ailleurs les codes de communication et la terminologie de MSN empruntent beaucoup à la TV : grille de programmes donc, mais aussi prime time, web-documentaire, télévision participative, multi-écran, format, vidéo à la demande…
Nicolas Schaettel est le nouveau Directeur Editorial et des Contenus de MSN. Il connaît bien la télé pour avoir développé pendant des années la stratégie mobile du groupe M6. A la tête de MSN France depuis la rentrée 2010, Nicolas Schaettel succède à un autre homme de télévision : Alexandre Michelin, ex-dirigeant de Paris Première, Canal+ et France 5, promu à la direction éditoriale de MSN Europe.
Les 27 millions d’internautes qui passent chaque mois sur les propriétés de Microsoft (MSN, Bing, Xbox Live, Hotmail, Messenger) découvriront le 18 novembre une nouvelle page d’accueil pour MSN. Plus épurée et connectée aux flux Facebook, Twitter et Windows Live Messenger des utilisateurs, la homepage MSN se veut « le prime time de l’Internet français ».
Les trois principaux axes éditoriaux de MSN sont l’information, le divertissement et l’art de vivre :
- L’information s’appuie toujours sur le partenariat stratégique avec M6. Vincent Régnier, Directeur de l’Information délégué de la chaîne TV, rappelle que le site commun M6-MSN Actualités touche 3,6 millions de visiteurs uniques par mois et diffuse plus de 5 millions de vidéo en streaming. Il souhaite amener sur l’antenne de M6 encore plus d’opinions des internautes. Le site d’info M6-MSN enregistre 2 millions de vote par mois, en moyenne 65 000 réponses à « La question du jour » sur l’actualité, et des questions posées en vidéo par Webcam sont reprises dans le journal de 19H45 sur M6. La Social TV, la télé participative, est au cœur de l’alliance entre MSN et M6.
L’information, c’est aussi début 2011 un Web-documentaire en 6 épisodes, « En quête de héros ». Le producteur TV CAPA est parti à la recherche des nouveaux héros sur des thèmes de société : racisme, environnement, justice, liberté d’expression et art. Claire Leproust, Directeur du digital chez CAPA, note que MSN est un des rares portails à financer des contenus audiovisuels.
- Sur le divertissement, MSN a fait appel au producteur TV de Kaamelott et Caméra Café. Nicolas Coppermann, Directeur Général de Robin & Co, explique que le festival d’humour « Paris en Capital » a pour ambition de découvrir les nouveaux talents du rire au travers d’un grand concours national sur MSN. Une sorte de « Star Ac’ des humoristes sur le Web » pour résumer le concept. Les castings sont en cours.
- Sur le Lifestyle, MSN France va adapter un concept à succès testé par MSN aux Etats-Unis. Le format exclusif « Glo » s’attache à décrire les tendances et l’air du temps avec une nouvelle écriture Web, très visuelle, riche en photos et vidéos. Un format interactif idéal pour le regarder en mode tactile sur les tablettes et les PC Touch. « Glo » arrivera en version française sur MSN début 2011. La déclinaison d’un format américain rappelle le fonctionnement des séries TV.
Pour aller jusqu’au bout de ce parallèle entre MSN et le média télévision, regardez l’interview vidéo de Nicolas Schaettel après sa conférence de presse. Le Directeur Editorial et des Contenus de MSN France s’exprime successivement sur :
- le média du futur au cœur des conversations du grand public
- les ambitions de MSN sur la Social TV avec Messenger et M6
- la présence multi-écran de MSN (ordinateur, console de jeux Xbox 360, mobile, applis Windows Phone et iPhone) et la réflexion en cours sur la TV connectée
- une approche prudente et respectueuse des partenaires contenu sur la TV connectée, en réponse à une dernière question sur l’intégration du portail Yahoo ! Connected sur certains téléviseurs
Quel est le point en commun entre le site Télé-Loisirs.fr leader sur les programmes TV, Allociné.fr leader sur le cinéma, le portail TF1.fr, le ciné club numérique CinéLycée.fr lancé en octobre par France 5 et le service de vidéo à la demande payant CanalPlay sur le Web et sur la Freebox ?
Réponse : toutes les interfaces de ces médias à composante vidéo ont été conçues par les équipes de l’agence Nealite, spécialisée dans l’expérience utilisateur et l’innovation numérique.
Web, mobile, box, tablette, TV connectée, ces supports n’ont pas de secret pour les ergonomes de Nealite.
Dans cet entretien vidéo, Jean-François Marti, cofondeur et président de l’agence, donne sa vision de l’expérience utilisateur autour de la télévision d’aujourd’hui et de demain. Une TV 2.0 connectée ; du moins, un téléspectateur connecté au travers de différents appareils de loisir numérique.
L’interview aborde successivement les points suivants :
- Les barrières technologiques et ergonomiques sur la TV interactive, notamment à cause de la télécommande classique
- Les écrans de complément au téléviseur, tels que l’ordinateur, l’iPhone et l’iPad pour choisir son programme à la demande, paramétrer le visionnage de la vidéo et échanger avec ses amis
- La bataille de la vidéo à la demande payante, avec le modèle américain Netflix et son abonnement en streaming à des contenus VOD premium. L’enjeu sera plus sur l’expérience utilisateur que sur le catalogue de contenus : suggestion, recommandation, personnalisation, enrichissement des listes de programme
- Et si demain, après l’Internet, Facebook absorbait la télévision ? Snacking vidéo, buzz sur les émissions de télé-réalité, partage entre amis
Regardez l’entretien avec Jean-François Marti chez Nealite et n’hésitez pas à réagir en commentaire.
Le Paysage Audiovisuel Numérique est en pleine expansion. Un Big Bang doublé d’une mutation sous l’effet d’un gène baptisé « interactivité ». En recombinant les contenus vidéo avec les technologies numériques et les réseaux sociaux, le PAN accouche d’une nouvelle forme de télévision, la Social TV.
L’ADN de la télévision évolue sous la pression des technologies digitales : explosion de l’offre télé et Web TV ; percée de la consommation à la demande (catch-up TV, VOD payante, Youtube, Dailymotion) ; multiplication des écrans vidéo (TV, ordinateur, tablette, console de jeu, mobile) et des réseaux (TNT, câble, satellite, ADSL, Wifi, 3G) ; discussion en direct autour des programmes TV et viralisation des contenus dans les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, MSN Messenger).
Alors que la télévision analogique, de masse et linéaire, s’apprête à s’éteindre, le média TV se transforme en hyper-télévision : un uni-média, où chacun est son propre directeur des programmes ; mais aussi un hyper-média, où chaque « téléspect-acteur » devient émetteur de contenus pour l’antenne via le Web, d’avis par la voie de retour interactive et de recommandations par les médias sociaux.
Avec le déploiement massif de terminaux connectés tels que les décodeurs des opérateurs (Freebox, Livebox, Dartybox, Bbox, neuf Box SFR, NC Box, Le Cube Canal+), les Smart TV (TV connectéessous environnement Connect TV Yahoo !, Google TV, HbbTV ou Apple TV), les consoles de jeu (Xbox Live sur Xbox 360), les Tablet (iPad, Galaxy Tab, Archos) et les Smartphone (iPhone, Windows Phone, Android Phone, Nokia N8, BlackBerry Torch) favorisant l’interactivité avec les programmes, la TV 2.0 prend corps. Cette télévision innovante se décrit comme hyper-segmentée, parfois à la demande, participative et communautaire. Avec sa forte dimension sociale, elle engendre de nouvelles relations au sein de l’éco-système audiovisuel, aussi bien verticalement entre les professionnels et le public qu’horizontalement entre téléspectateurs. L’enjeu pour les acteurs de la chaîne de valeur (producteurs audiovisuels, annonceurs, publicitaires, agences média, chaînes TV, éditeurs de bouquet, opérateurs télécom, fabricants de terminaux) est de comprendre puis de maîtriser économiquement cette mutation des usages.
Quels sont les points clés pour réussir dans la Social TV ?
- Etre dans l’écoute et la co-création avec les publics,
- S’appuyer sur la puissance des médias sociaux pour mieux distribuer les contenus et diriger l’attention,
- Développer de nouveaux modèles économiques sans pénaliser les revenus actuels.
A l’heure des bases de données comportementales, des pages fans sur Facebook et du marketing ultra-ciblé, la « CRMisation » (Customer Relationship Management – Gestion de la Relation Client) des médias est en marche : Dis-moi moi qui tu es et ce que tu aimes pour qu’en échange je te propose les meilleurs contenus en affinité avec tes goûts !
En télévision, le nouveau processus de création et de distribution des contenus est basé sur une relation continue avec les téléspectateurs : avant, pendant et après la diffusion d’un programme TV à l’antenne. En permanence, le public est invité à co-créer des contenus avec le producteur TV ou la chaîne de télévision.
Les trois piliers de la relation en Social TV sont donc l’Ecoute, le Marketing promotionnel et le Community Management.
- L’Ecoute est la capacité à étudier les besoins, à comprendre les usages, à analyser les conversations et à éditorialiser les contributions ;
- Le Marketing promotionnel vise à engager des actions de communication ciblées pour impliquer les influenceurs TV et viraliser les contenus par la recommandation entre téléspectateurs ;
- Le Community Management permet de fidéliser par l’interactivité et de valoriser les publics.
Ce cycle en trois temps se boucle ensuite de manière vertueuse et itérative.
Par leur interactivité native, les terminaux numériques connectés engagent à la fois les consommateurs et les acteurs de l’audiovisuel dans la voie de la Social TV. Dans cet environnement de contenus et services innovants, en perpétuel renouvellement, la clé du succès de la TV 2.0 sera la capacité des professionnels de la télévision à dialoguer avec les publics afin de mieux anticiper leurs besoins et d’en faire leurs clients ambassadeurs.
Laurent Esposito
Disclosure : cette note de prospective est le fruit de réflexions personnelles dans le cadre d’une contribution au Livre Blanc N°2 de l’Internet Managers Club sur le thème général : "What's next ? Smartphones, Tablettes et TV connectées"
« Associer le meilleur de la technologie avec le meilleur des contenus télé », c’est l’ambition qu’affiche Bertrand Méheut, Président du Directoire du groupe Canal+, en annonçant des nouvelles offres TV de Canal+ et CanalSat sur Xbox Live. Sur scène, au siège de la chaîne cryptée situé à deux pas de celui de Microsoft à Issy-les-Moulineaux, Eric Boustouller, Président de Microsoft France lui donne le change devant une centaine de journalistes et de spécialistes des nouvelles technologies. Le patron de Microsoft, fabricant de la console de jeu connectée Xbox 360, assène qu’il entend proposer une « nouvelle expérience sociale autour de la télévision». Pour Canal Plus comme pour Microsoft, il s’agit de mieux fidéliser les foyers abonnés aux offres de télévision payante et de toucher de nouvelles cibles plus jeunes. Il s’agit aussi de générer des revenus additionnels au travers d’abonnements étendus ou d’achats à l’acte des contenus vidéo édités par Canal+, ou encore de favoriser l’abonnement à la communauté de divertissement en ligne Xbox Live Gold de Microsoft.
A la pointe de l’innovation au niveau international, le partenariat stratégique entre ces deux acteurs majeurs du loisir numérique est opérationnel depuis le début de l’année 2010. La nouveauté, c’est que début décembre les offres Canal+ et CanalSat, en direct et à la demande, rejoignent l’univers des services interactifs de divertissement Xbox Live. Elles viennent ainsi compléter les services et contenus actuels sur la console connectée Xbox 360 :
- Foot+ pour vivre et commenter en direct les matchs de football de Ligue 1 et des championnats européens avec ses amis (150 000 téléchargements de l’application Foot+ depuis janvier 2010 sur Xbox Live, d’après Bertrand Méheut)
- CanalPlay avec plus de 8000 programmes TV incluant des contenus jeunesse, des séries TV ainsi que 4000 films à télécharger légalement en vidéo à la demande (60 000 téléchargements de l’application CanalPlay, à ce jour)
- Canal+ A la demande, l’offre de catch-up TV réservée aux abonnés de Canal+ pour voir ou revoir plus de 300 contenus TV par mois (110 000 commandes A la demande depuis août 2010 sur Xbox Live)
Désormais, s’ajoutent donc à l’offre Xbox Live toutes les chaînes de Canal+ (avec Canal+ Cinéma, Canal+ Sport, Canal+ Family et Canal+ Décalé, diffusées en haute résolution), 90 chaînes thématiques du bouquet CanalSat et des Web TV comme Dora l’exploratice (en exclusivité), Shake ton Booty ou Gong. Ces contenus en direct ou à la demande sont accessibles sur le téléviseur au travers de la console Xbox 360 de Microsoft qui fait office de décodeur TV une fois connectée à un réseau haut débit tel que la fibre optique, le câble ou l’ADSL.
La véritable innovation autour de cette télévision interactive ne réside pas tant dans les contenus que dans l’expérience immersive que propose la console de jeux vidéo branchée à un écran TV haute-définition. On peut effet dialoguer à distance avec ses amis en regardant un programme TV, personnaliser son avatar comme ses émoticônes dans la chatroom virtuelle MSN Messenger et bientôt tout cela sera même connecté à l’extérieur de l’univers Xbox Live sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter. La démo de cette Social TV, télé communautaire et conversationnelle, s’avère relativement réaliste, fluide et ludique dans son interface. D’autant que la technologie Kinect de Microsoft permet de reconnaître les gestes de l’utilisateur grâce à des capteurs posés devant la télé. Finie la traditionnelle manette de jeu. D’un simple mouvement de la main, avec Kinect Vidéo, on peut zapper à l’écran dans son guide des programmes TV et lancer une vidéo. Des pieds à la tête, le téléspectateur devient « téléspect-acteur ». Au printemps 2011, Kinect autorisera même la reconnaissance vocale en français. La Xbox obéira donc au son de votre voix.
Avant de passer à quelques éléments d’analyse sur ces annonces conjointes de Canal Plus et Microsoft, je vous propose de regarder l’interview vidéo de Jérôme Seror, Directeur Nouveaux Média du groupe Canal+, tournée avec un téléphone Nokia N86 8MP. Jérôme Seror explique le contenu de cette nouvelle offre TV de Canal+ dans l’univers du divertissement connecté Xbox Live, comment fonctionne cette Social TV pour échanger avec ses amis, les évolutions permises par la technologie Kinect de Microsoft et enfin sa vision de la télévision connectée avec l’arrivée prochaine de l’Apple TV et Google TV.
Comme l’explique à demi mot dans l’interview vidéo Jérôme Seror, Directeur des Nouveaux Médias de Canal+, garder la maîtrise de l’abonné par la facturation directe est clé dans l’univers de la télévision à péage. Même, et surtout, dans un environnement technologique de moins en moins propriétaire. Canal+ propose en IPTV ses contenus et services payants sur les box de la plupart des fournisseurs d’accès Internet, idem avec les opérateurs télécoms mobile pour le marché des Smartphones et des tablettes. L’idée est de démultiplier les canaux de distribution pour les contenus du groupe Canal+ afin de maximiser l’ARPU (Average Revenue Per User), le revenu moyen par client. Deux leviers marketing : on pousse, d’une part, la vente de services croisés (cross-selling) comme avec l’abonnement premium Xbox Live Gold et, d’autre part, la vente additionnelle (up-selling) comme la vidéo à la demande qui repose sur du paiement à la consommation.
Les effets vertueux de cette distribution des contenus vidéo de Canal+ sur d’autres environnements que ses propres décodeurs TNT ou satellite semblent réels. Bertrand Méheut, Président du groupe audiovisuel, révèle qu’avec en moyenne 5 commandes par semaine sur Xbox Live, Canal+ A la demande génère un usage plus que deux fois supérieur à celui constaté sur les box ADSL. Avec une satisfaction des abonnés qui augmente, les services audiovisuels à la demande permettent donc de mieux gérer l’infidélité. Bertrand Méheut explique que grâce à ses services de catch-up TV, sur les foyers éligibles, le taux de désabonnement (churn) est inférieur de 20% à celui des autres abonnés du groupe Canal+.
En conclusion, sécuriser en amont les droits TV sur les contenus premium (séries événement en première exclusivité comme Maison Close ou Mad Men, football, cinéma), adapter le réseau de distribution aux nouveaux écrans par des partenariats avec les constructeurs de terminaux et les opérateurs de réseaux, maximiser l’usage des services et la satisfaction de téléspectateurs (value for money) pour fidéliser, et enfin conserver la maîtrise de ses abonnés, voilà les principaux enjeux stratégiques de Canal+ pour maintenir son modèle de revenu sur abonnement dans un Paysage Audiovisuel Numérique où prolifèrent désormais les contenus gratuits.
L’étude conduite par le groupe digital Say Media (ex-VideoEgg et Typepad) auprès de téléspectateurs américains est révélatrice du nouveau paradigme de la consommation TV, une consommation vidéo à la demande en dehors du référentiel temporel des traditionnelles grilles de programmes télé. Pour résumer les conclusions dressées : un Américain sur trois ne regarde plus la télévision en direct ou préfère se tourner vers des contenus vidéo en streaming qu’il visionne aussi bien sur l’ordinateur, que sur son mobile ou même son téléviseur.
Cette étude de Say Media a permis d’identifier deux types de consommateurs hors grille TV (« Off The Gridders ») :
- les abandonnistes (« Opt-out ») qui ne regardent plus la télévision OU ne l’ont pas regardée sur la semaine écoulée ET visionnent plus de 4 heures de vidéo en streaming par semaine sur leurs différents écrans ;
- les téléspectateurs à la demande(« On Demanders ») qui visionnent plus de 4 heures de vidéo en streaming par semaine ET regardent moins la TV en direct qu’un an auparavant.
A l’échelle américaine, ces adultes consommateurs hors grille de programme TV représentent tout de même un tiers du marché, avec 20% d’abandonnistes au sens de l’étude (34 millions d’individus) et 13% de téléspectateurs à la demande (22 millions d’individus).
Ces quelque 56 millions de consommateurs représentent un marché conséquent pour les annonceurs publicitaires, d’autant plus attractif que ses caractéristiques semblent séduisantes. Comparativement aux internautes américains, les abandonnistes comme les téléspectateurs à la demande sont plus jeunes, avec un niveau d’études et des revenus supérieurs à la moyenne. Ces téléspectateurs hors grille supportent globalement moins la présence de la publicité que les internautes moyens. Cependant, selon l’étude, les abandonnistes tolèrent mieux la présence de publicité dans les vidéos streamées, car ils savent que c’est la contrepartie d’un accès gratuit à leurs émissions TV favorites.
Les téléspectateurs à la demande, eux, sont suréquipés en appareils multimédias (PC, mobile, tablet) permettant de visionner leurs programmes en streaming. Ils sont aussi sur-consommateurs de contenu payant au travers d’offre vidéo premium sur leur mobile ou de vidéo à la demande sur abonnement comme Netflix qui propose des films et des séries TV.
Toujours à la recherche de l’efficacité et de la praticité, ces téléspectateurs multi-écrans, affranchis de la contrainte de la grille de programme TV, n’en sont pas moins sur-consommateurs de vidéo. L’étude note que leur prime time de consommation vidéo reste la tranche 20H – 23H. La télévision linéaire n’est pas totalement absente de leurs usages du soir, puisque la moitié des téléspectateurs à la demande continuent encore de suivre leurs programmes préférés en direct.
Say Media tire deux conclusions de cette étude destinée aux annonceurs et à leurs agences média conseil. Pour mieux toucher les téléspectateurs à la demande, plus irritables à l’intrusion publicitaire, il est préférable de travailler le taux de couverture de la campagne en limitant la fréquence de l’exposition publicitaire. Quant aux abandonnistes, il convient plutôt d’engager le dialogue avec eux au travers de communautés ciblées et des médias sociaux.
On retiendra surtout de cette étude le nouveau paradigme de cette consommation TV hors grille de programme. Ces téléspectateurs 2.0, abandonnistes comme à la demande, prennent rationnellement leur décision de consommer les contenus vidéo et cherchent à éviter les interruptions publicitaires. Ils choisissent leur moment et leur écran pour regarder les programmes de leur choix, afin de maximiser leur satisfaction.
Le téléspectateur transformé en directeur des programmes TV, ce n’est donc plus tout à fait une utopie à l’heure de la TV connectée et du Web omniprésent. Personnellement, je pense que les grandes chaînes conserveront à l’avenir un rôle essentiel dans la promotion et la prescription des marques fortes que sont les séries TV, les formats d’information comme de divertissement. L’enjeu pour les diffuseurs sera de capter la valeur économique des usages qui migreront vers d’autres plateformes (Google TV, Apple TV, Youtube, Dailymotion…) et d’autres écrans (mobile, tablet, ordinateur, console de jeu…), sinon c’est toute la chaîne de production audiovisuelle et de distribution TV qui pourrait s’en trouver disloquée.
La fameuse convergence se manifeste principalement par l’abolition des frontières entre acteurs Média et Télécoms, une exploitation multi-plateforme des contenus, ainsi qu’une forte interaction entre consommateurs et services des opérateurs. Le « digital game-play », pour reprendre la photo ci-contre (cliquez dessus pour l’agrandir), est complexe d’un point de vue technique comme économique !
Ces sujets étaient au cœur des 2è Assises Européennes de la Télévision Interactive, ce jeudi, à Issy-les-Moulineaux, ville souvent rebaptisée « Médialand » par les initiés étant donnée la forte implantation d’entreprises du secteur sur son sol.
Les professionnels européens réunis par l’AFDESI (Association Française des Développeurs, Editeurs et Fournisseurs de Services en télévision Interactive) ont multiplié les constats et mis en perspective les tendances de la TVI. Comment cette télé interactive à la papa, du télétexte basique au service interactif sur le décodeur câble / satellite, est en train de muter progressivement en TV 2.0, avec de l’interaction rich media au menu de la télécommande et de nouveaux services comme le PVR et la VOD.
Premier constat, c’est une évidence : d’une part, la vidéo sur Internet et la télévision convergent ; d’autre part, le Web et les services interactifs de télévision convergent aussi.
Deuxième constat : on assiste à la montée en puissance des usages collaboratifs, comme le User-Generated Content.
Troisième constat : les téléspectateurs / télénautes / mobinautes exigeront de plus en plus de la qualité de services, de la simplicité d’usage et de la rapidité. J’y reviendrai dans une prochaine interview vidéo de Jean-Michel Planche, PDG de Witbe.
Le Britannique Ian Valentine, PDG de Minweb Interactive, pense que la TV interactive du future se consommera majoritairement au travers de consoles de jeux comme la Xbox 360 ou de set-top-box hybrides (TNT pour les 18 chaînes gratuites + ADSL pour la VOD et la télévision payante) permettant une totale interaction avec la vidéo. Robin Dualé, Directeur des services IPTV de Club Internet, n’est pas loin de penser la même chose ; même s’il mise plus sur un environnement centré sur le PC domestique. Il pointe notamment la récente baisse d’audience des chaînes de TV linéaires, enregistrée en 2006 par Médiamétrie sur le jeune public. Les 15-24 ans, les Digital Natives, bouderaient-ils la télévision traditionnelle au profit de la vidéo sur Internet ?
Dans ma prochaine note, je vous proposerai des démos vidéo de dirigeants de Microsoft et d’Open TV sur les Interfaces Homme-Machine qui offrent déjà ou offriront demain une expérience réellement interactive de la consommation de télévision, proche des environnements de TV On Demand sur PC comme Joost.
Côté prospective, justement, quelle sera la physionomie du marché des contenus interactifs en 2010 ? Le cabinet britannique Screen Digest a mené une étude, « Interactive content and convergence », publiée en janvier 2007 par la Commission européenne.
Dans le tableau prévisionnel de Screen Digest (cliquez pour agrandir l'image), il apparaît que le chiffre d’affaires des contenus culturels (musique, jeux, radio, cinéma, TV,…) devrait être multiplié par 4 en 5 ans sur les plateformes de distribution digitales.
J’ai pu interviewer l’auteur de cette étude, Vincent Létang, Senior Analyst chez Screen Digest, lors des Assises Européennes de la TV Interactive. Il explique sa vision du développement de la vidéo sur Internet et de la TV en multicast, en dehors des services « walled garden » des opérateurs de réseaux. L’IPTV (lire à ce propos l’excellent analyse de mon camarade André Tonic sur la TV par ADSL sur YouVox Tech) est en train de redistribuer la chaîne de la valeur audiovisuelle. L’usage de la TVI va probablement exploser hors des environnements propriétaires, remettant en cause le modèle de revenu d’acteurs historiques du middleware et du hardware.
A l’inverse, Vincent Létang insiste sur les obstacles à la croissance de ces marchés de contenus et services interactifs. Il note les problèmes de maturité des technologies, d’interopérabilité des formats, la nécessaire adaptation de la réglementation sur les droits d’auteur, la renégociation des contrats existants pour ouvrir de nouvelles fenêtres d’exploitation, et bien sûr la persistance du piratage.
Quel est le potentiel de développement pour la vidéo numérique et la télévision interactive ? Les agrégateurs de contenus seront-ils court-circuités dans la chaîne de la valeur ? Ses réponses en vidéo.
Faire tenir un décodeur de télévision haute définition dans un boîtier plat de 10 centimètres de côté, comment est-ce possible ?
Comme vous le voyez en cliquant sur l'image ci-dessus, chez Sun Microsystems, les ingénieurs ont trouvé la solution à partir d’un concept simple : « Network is the Computer ». Depuis une vingtaine d’années, le business de cet équipementier informatique repose sur cette maxime. En clair et sans décodeur justement, cela ne sert à rien d’installer des terminaux intelligents lorsque le réseau est capable de faire le travail grâce à des super-calculateurs. Dans l’univers de la convergence entre audiovisuel et télécom, gourmand en capacité de stockage et en puissance de calcul, les applications de ce type sont nombreuses.
Avec le séminaire de l’Institut Multi-Médias, nous avons visité l’un des laboratoires de Sun, à Santa Clara en Californie, où les chercheurs des « Suns Labs » conçoivent des services pour la télévision de demain.
Détaillons justement ce premier prototype montré à notre groupe : un réseau de télévision domestique, compatible TVHD, dans lequel le mini-boîtier démodulateur de Sun se contente à partir d’une simple télécommande de sélectionner sur des serveurs distants le contenu désiré par le téléspectateur. Les serveurs en question peuvent brasser aussi bien des centaines de chaînes de télévision numérique en direct, que des programmes en vidéo à la demande, ou encore des disques durs sur lesquels ont été stockés dans le réseau un certain nombre d’émissions TV. Dans ce dernier cas, il s’agit du concept de « Network PVR » (magnétoscope numérique distant) que commencent à expérimenter certains câblo-opérateurs américains et auquel réfléchissent des fournisseurs d’accès ADSL français.
Soulignons au passage que Sun est membre de l’HANA – High Definition Audio Video Network Alliance – aux côtés de fabricants de matériel électronique grand public comme Mitsubishi, Samsung, Texas Instruments et de détenteurs de droits audiovisuels comme NBC Universal et Warner Bros. L’objectif de l’Alliance est de définir de nouveaux modes de sécurisation des contenus haute définition qui seront distribués dans les foyers, y compris sur des terminaux portables. Et ce, sans passer par les fourches caudines de Microsoft avec son Media Center.
Dans le même état d’esprit, qui vise à s’affranchir des DRM (protection numérique des œuvres et gestion des droits) d’Apple avec son iPod et de Microsoft avec son Windows Media Player, Sun Microsystems vient de jeter les bases d’une DRM en Open Source. Cet « Open Media Commons » , présentée sous le nom de Project DReaM , aura pour objectif d’autoriser la lecture de n’importe quel fichier audio ou vidéo sur n’importe quelle plateforme, une fois les droits acquis par l’utilisateur.
Autre exemple de recherche appliquée dans les Sun Labs, le « media affinity browser », un nouveau concept de guide électronique des programmes (EPG) dont l’interface visuelle a été totalement repensée. L’idée est de se baser sur les émotions attendues par le téléspectateur pour effectuer la recherche dans des milliers de contenus vidéo. Les résultats sont ensuite affichés sous forme de mapping, avec des fiches descriptives pour chaque programme comme on en trouve sur IMDB.
Dans le même ordre d’idée, un chercheur québécois travaille chez Sun Labs à la mise au point d’un moteur de recherche musical permettant de trouver et classer des fichiers audio du type MP3. De puissants algorithmes décortiquent les signaux en identifiant l’instrumentation, la voix, le rythme, l’énergie d’un morceau musical, etc… A partir de là, l’ordinateur est capable suggérer à l’auditeur d’autres morceaux en base de données qui pourraient lui plaire compte tenu de ses goûts.
Dernier exemple, un projet audiovisuel basé sur le home networking. Les chercheurs de Sun développent des applications autour de la notion d’ « identity management ». L’un des débouchés commerciaux serait de pouvoir afficher des publicités ciblées en fonction des personnes présentes devant l’écran durant une coupure publicitaire télévisée. Tout cela en accord avec le diffuseur. J’avais déjà évoqué ce concept de « Publicité à la demande » lors d’une précédente note à propos des velléités de Free d’exploiter commercialement son dispositif de mesure d’audience des chaînes de TV diffusées par ADSL.
Chez Sun, nous avons eu la chance de rencontrer un Français, directeur marketing et stratégie pour l'industrie des Télécoms. David Orain a fait ses études d’ingénieur en informatique à Nancy. Il travaille maintenant depuis dix ans dans la Silicon Valley. Dans cette interview vidéo, il balaye en quelques minutes les chantiers R&D de Sun autour des médias et des télécommunications.
Google et Microsoft ne sont pas pour rien les pires ennemis dans l’univers de la convergence. Ces deux sociétés ont en réalité beaucoup de points en commun : des profits records en milliards de dollars (« deep pocket »), des investissements lourds dans la recherche et le développement, deux campus séparés de quelques centaines de mètres dans la Silicon Valley… et un même appétit pour la vidéo aujourd’hui et la télévision demain !
Quelques minutes après avoir quitté Chris Sacca de Google, le séminaire de l’Institut Multi-Médias a été reçu dans les locaux voisins du campus Microsoft à Mountain View. Près de 1.200 personnes travaillent dans le Microsoft Center de la Silicon Valley. C’est ici que les ingénieurs de la firme de Bill Gates mettent au point la console de jeux Xbox, les modules dédiés au traitement de la photo dans le futur système d’exploitation Vista, ainsi que les projets audiovisuels du groupe comme la plateforme MSTV IPTV… tout aussi en retard que Vista d’ailleurs.
C’est l’un des sujets que j’avais abordé dans l’interview vidéo ci-dessous avec Tony Faustini, Senior Vice President Technology Policy au sein de la division Media - Entertainment - Content de Microsoft. Mais il m’a demandé de couper au montage le passage concernant le retard pris par Microsoft dans le déploiement de sa plate-forme IPTV qui combinera télévision et interactivité pour les abonnés ADSL d’opérateurs comme Club Internet.
Voici donc la réponse officielle, envoyée par email, que Tony souhaite apporter :
« Building a complete quality of service IPTV solution is complex from an engineering / operations perspective. There are very many pieces that need to come together from very many parties. It is very difficult to predict with great accuracy timetables for complex engineering projects. We choose dates and work hard to meet those dates. I have never seen a complex engineering or operations project go completely smoothly there are always bumps in the road always unforeseen complications arise. A complete end to end quality of service IPTV solution will be no exception. We work diligently to meet the deadlines and sometime we get things done in time and at others we don't. The good news is that the MSTV IPTV engineering team is making great progress. When all the pieces necessary to create the IPTV solution come together it will change the way we watch and produce television. IPTV is a complex and exciting project and its delivery will mark an historic milestone in the delivery of multi-media content to network subscribers ».
Lors de la présentation en amphithéâtre de Tony Faustini, j’ai surtout noté que le PC serait la prochaine plateforme de télévision selon Microsoft. Le système d’exploitation Windows XP MCE (Media Center Edition), qui équipe déjà 8 millions d’ordinateurs dans le monde, sera bientôt installé sur plus de la moitié des PC vendus. Le principe étant de faire du PC un hub domestique pour stocker et distribuer les contenus numériques, de la photo à la musique en passant par la vidéo et bientôt la télévision, sur tous les terminaux du foyer.
Au-delà de la plateforme MSTV IPTV, Microsoft a annoncé lors du dernier Consumer Electronic Show (CES 2006) à Las Vegas son implication dans le projet OCUR (OpenCable Unidirectional Receiver) qui permettra aux abonnés au câble - américains dans un premier temps - de recevoir grâce à une carte spécifique leurs chaînes de télévision payantes en direct sur leur PC, y compris en haute définition. Puis au travers du Media Center d’afficher ces flux sur d’autres terminaux domestiques comme un téléviseur HD Ready ou Full HD. Pour plus de détails, je vous renvoie à ma précédente note explicative sur l’initiative de convergence OpenCable de CableLabs. Le géant américain Comcast, puis d’autres opérateurs comme Time Warner Cable et Cox, devraient proposer cette année cette solution de réception TV sans set-top-box (décodeur) à leurs abonnés.
Dans tous les cas, qu’il s’agisse d’OCUR ou de MSTV IPTV, l’objectif de Microsoft est de proposer aux utilisateurs une expérience de la vidéo sur grand écran (« ten foot experience » en référence à la distance de 10 pieds qui sépare le téléspectateur de son téléviseur) pour profiter pleinement de la vidéo numérique, plutôt que de se limiter à un écran de PC plus petit que la télé (« three foot experience » en référence à la distance de 3 pieds qui sépare l’internaute de son écran d’ordinateur). Vous verrez d’ailleurs dans une prochaine interview vidéo de Jim Ramo, PDG du service de VOD sur internet MovieLink, à quel point la diffusion sur grand écran va conditionner le succès des services de vidéo à la demande.
Enfin, Tony Faustini nous a appris que Vista permettrait plus de personnalisation de Media Center. Concrètement, des groupes média ou télécom pourront distribuer leur propre version de MCE avec des fonctionnalités ou des contenus spécifiques. Par exemple, un guide électronique des programmes (Electronic Program Guide) à leurs couleurs, avec une intégration très forte de leur bouquet de chaînes et de leurs services de VOD. La puissance de Vista, à condition de disposer d’un PC dernier cri, autorisera en effet des EPG plus graphiques avec vidéo intégrée.
En conclusion, la division Entertainment de Microsoft aime la télévision. Mais pas encore au point de devenir un producteur de contenus. Du moins, pas tout de suite… comme le déclare avec humour Tony Faustini dans notre entretien vidéo.