Dans la moiteur de cette fin d’été, comment imaginer un baptême plus rafraîchissant (au détail près de l’absence de climatisation dans la salle) que celui de Vodeo, un portail de vidéo à la demande exclusivement dédié aux contenus du savoir et de la culture ?
Derrière cette ambition, une PME française (17 collaborateurs), innovante (labellisée par l’ANVAR), originale par sa démarche éditoriale et marketing (basée sur le concept de « Long Tail ») et des investisseurs privés. Cette société, La Banque Audiovisuelle, mouille sa chemise dans l’univers naissant de la VoD où l’on entend plus volontiers parler des initiatives de grands groupes audiovisuels et télécoms à l'occasion de la signature de droits avec des majors américaines. Son objectif est de se constituer rapidement un catalogue de documentaires et de donner leur seconde chance à des œuvres trop vite passées à la télévision ou non distribuées en DVD.
Surmontant la chaleur insoutenable à l'intérieur de la galerie Xavier Sequier à Paris en cette soirée de lancement, Frédéric Pie, le président fondateur de Vodeo, décrit avec brio et légèreté le concept devant un parterre de producteurs audiovisuels, de fournisseurs d’accès à internet et de journalistes.
Le pitch :
- des documentaires, des reportages, des entretiens et des émissions de télévision à visionner en téléchargement payant sur son ordinateur ou à commander gravés sur DVD ;
- 700 programmes francophones de 3 à 90 minutes disponibles au lancement, 2000 visés fin 2005, sachant que La Banque Audiovisuelle a déjà signé les droits sur 6000 œuvres auprès de producteurs. Le gros du travail consiste pour le moment à numériser et indexer les documents ;
- les prix vont de 2 à 5 euros pour un visionnage en streaming, de 3 à 9 euros pour un téléchargement ;
- des partenariats de distribution sont en cours de signature avec les principaux fournisseurs d’accès à internet français. Vodeo sera prochainement disponible sur Club Internet, puis sur la nouvelle version du portail abonnés du câblo-opérateur Noos d’ici la fin de l’année.
Un bémol qui remonte dans les notes des premiers clients dans la blogosphère : le caractère contraignant de la solution DRM (gestion des droits d’auteur et protection des contenus) fournie par Microsoft. De quoi tempérer les ardeurs des clients potentiels sous Linux et Mac OS.
Avec son positionnement original, Vodeo n’entre pas en concurrence directe avec les offres de VoD de Canal+ (voir ma note sur le lancement de CanalPlay qui succède à NetCiné) ou de TF1 (en préparation) ciblées sur le sport, le dessin animé et surtout le cinéma. Ce nouvel entrant devrait stimuler le marché de la VoD.
De l’échauffement en 2005, on risque même de passer à l’embrasement en 2006, avec de nouvelles offres du côté d’Arte, France Télévisions, M6 ou encore Glowria. Certains fournisseurs d’accès internet pourraient également éditer leur propre plate-forme sur Internet et en TVoDSL.