Mise à jour du 31 août 2006, suite à l'autorisation de la fusion par Bercy.
Canal+ / Vivendi a pris 59 engagements. Téléchargez le communiqué de presse du groupe au format PDF, en cliquant sur le lien ci-dessous, pour en prendre connaissance :
http://video.typepad.fr/060831AutorisationdurapprochementCANALSATTPS.pdf
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C’est une page de l’histoire du paysage audiovisuel français qui se tourne. CanalSat est sur le point de racheter son concurrent TPS, qui fêtera ses neuf ans le 17 décembre. Neuf années de rivalité exarcerbée et quelques tacles entre les actionnaires des deux groupes, avec en point d'orgue l'attribution de l'exclusivité de la Ligue 1 de football à Canal+, il y a tout juste un an, pour 600 millions d'euros !
A l'image de Premiere en Allemagne, BSkyB en Grande-Bretagne, Sky Italia en Italie et Digital Plus en Espagne, la France va donc bientôt se retrouver avec une seule plate-forme satellitaire de télévision payante. Objectif affiché de cette fusion : contrer les ambitions des groupes télécoms et des fournisseurs d'accès Internet dans l'univers des contenus audiovisuels.
Les agences de presse comme Associated Press, Reuters et l’AFP se bornent pour le moment à la citation d’un communiqué commun des groupes actionnaires.
Ci-dessous, la dépêche AP reprise ce soir sur le site Boursorama.
Vivendi Universal, TF1 et M6 ont annoncé dimanche dans un communiqué commun être entrés en négociation en vue d'un "éventuel rapprochement" entre TPS et le groupe Canal+ qui pourrait aboutir sur un "accord industriel dans le domaine de la télévision payante", laissant ainsi entrevoir une fusion des bouquets TPS et Canal Sat.
Ce rapprochement, "dans l'intérêt des actuels et futurs abonnés et dans le respect des identités des deux entreprises", ambitionnerait de "créer un ensemble en mesure de faire face à la concurrence accrue des entreprises de télécommunications et d'internet".
En début de semaine, le bureau d'études Bear Stearns, cité par le site cerclefinance.com, avait laissé entendre que face notamment au succès de la TNT, TF1 et M6 -respectivement propriétaires à 66% et 34% du bouquet de télévision par satellite TPS- envisageraient de vendre TPS à Canal+ pour un montant pouvant atteindre 4 milliards d'euros.
La direction de Vivendi Universal est favorable depuis longtemps à une fusion de Canal Sat et de TPS au motif que la France est le seul pays européen à compter deux opérateurs de télévision par satellite. Un avis qui n'est pas partagé par le PDG de TF1 Patrick Le Lay, ce dernier jugeant qu'une fusion n'aurait aucun sens à un moment où TPS peut envisager de devenir rentable.
Mais, selon des connaisseurs du milieu télévisuel, le patron de M6 Nicolas de Tavernost a commencé à militer depuis quelques mois pour une fusion, notant que la part de marché de TPS s'érode face aux assauts marketing de Canal Sat et que le cap du million de foyers équipés pour recevoir la télévision numérique terrestre avait été franchi fin novembre.
L'annonce de ces négociations tripartites survient aussi au moment où approchent le terme des négociations entre Vivendi Universal et Lagardère qui verraient ce dernier acquérir 34% de Canal+. Arnaud Lagardère, lui aussi partisan d'une fusion TPS-Canal Sat, est également un proche de Martin Bouygues, dont la société possède 49% de TF1.
Le communiqué commun précise que dans l'attente de la conclusion éventuelle de ces pourparlers, aucun commentaire, ni précision, ne seront communiqués par les trois groupes.
Reste à voir, si cette fusion se concrétise, quel en sera le montage financier. TF1 et M6 seront-ils au capital du nouvel ensemble ? Quel sera le rôle de Lagardère et son poids relatif aux côtés de Vivendi ?
Premier commentaire, TPS a certainement pâti de la surenchère de Canal+ sur le championnat de foot L1. L'exclusivité de Canal a obéré ses perspectives de croissance et surtout accru ses pertes d’abonnés. Dans ces conditions, il lui devenait difficile de rattraper le leader CanalSat.
Une telle fusion sera soumise à l’accord des autorités de la concurrence, notamment Bruxelles. Il y a fort à parier que les actionnaires avanceront que CanalSat+TPS n’est pas en situation de monopole en France compte tenu de la distribution de chaînes sur la TNT, sur le câble et par ADSL. Mais il leur faudra donner des garanties à la Commission européenne sur le fait que les éditeurs de chaînes indépendants pourront bénéificer d'un accès équitable à cette plate-forme satellitaire unique.
Enfin, qui dit fusion, dit rationalisation. Il y aura des chaînes éditées par le groupe Canal+ et d'autres éditées par TPS qui disparaitront. Quel intérêt de conserver une chaîne de TPS comme InfoSport avec sa propre rédaction alors que L'Equipe TV, Eurosport et Sport+ couvrent déjà largement l'actualité sportive ? Idem dans la thématique jeunesse avec Teletoon face aux chaînes leaders de Lagardère que sont Canal J et ses déclinaisons ? Seules survivront les chaînes dont l'audience frémit dans le MediaCabSat et qui disposent d'une forte notoriété, d'une marque établie.
Dans le domaine du cinéma, la rationalisation conduira probablement au resserrement de l'offre sur un bouquet de chaînes unique qui cumulera les catalogues négociés auprès des majors hollywoodiennes par TPS Star et les catalogues complémentaires signés par les chaînes Ciné Cinéma.
Quant aux services de paiement à la consommation, comme Multivision et Kiosque, la logique voudrait qu'ils fassent eux aussi antenne commune. Avec pour conséquence probable, sur Internet, que TPS VOD fusionne avec son concurrent CanalPlay pour donner naissance à une puissante plate-forme de cinéma à la demande, capable de rivaliser dans l'acquisition des droits avec MaLigneTV de France Telecom.
Dernière conséquence et pas des moindres : cette fusion entre les plates-formes satellitaires des principaux groupes audiovisuels risque d'attiser la rivalité entre médias et télécoms. Les opérateurs du câble comme les fournisseurs d'accès à Internet n'auront plus la possibilité de jouer sur la concurrence CanalSat vs TPS pour obtenir de meilleures conditions commerciales dans la distribution de leurs contenus.
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Ajout du 17 février : le communiqué de presse intrégral du Projet d'accord Lagardère - Vivendi Universal - Groupe Canal+
Projet d'accord Lagardère - Vivendi Universal - Groupe Canal+ pour la montée de Lagardère à hauteur de 20 %, avec option de montée à 34 %, au capital de Canal+ France
Lagardère, Vivendi Universal et Groupe Canal+ annoncent un projet d'accord aux termes duquel Lagardère, déjà partenaire de Groupe Canal+ au sein de CanalSat, rejoindrait Groupe Canal+, TF1 et M6, au capital de Canal+ France (1) , ensemble qui regrouperait la totalité des activités de Groupe Canal+ et de TPS dans la télévision payante en France.
En devenant le deuxième actionnaire de Canal+ France, Lagardère renforcerait significativement sa présence dans la télévision payante en France.
Le nouvel ensemble serait ainsi détenu par :
- Groupe Canal+ à 65 %,
- Lagardère à 20 %,
- TF1 à 9,9 %,
- M6 à 5,1 %.
Vivendi Universal, via Groupe Canal+, détiendrait le contrôle exclusif du nouvel ensemble.
Lagardère prendrait une participation de 20 % par apport de sa participation de 34 % dans CanalSat et un achat complémentaire d’actions Canal+ France pour un montant de 525 millions d’euros, en numéraire.
Lagardère bénéficierait en outre d’une option d’achat portant sur 14 % supplémentaires du nouvel ensemble exerçable 3 ans après la réalisation de l’opération. A cette date, ce prix d’exercice serait à valeur de marché et d’un montant minimum de 1,05 milliard d’euros, correspondant à une valorisation de 7,5 milliards d’euros pour 100 % de Canal+ France.
Ce projet d’accord sera soumis à la consultation des instances sociales et institutions représentatives du personnel concernées, au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et à l’approbation des autorités de concurrence.
L’objectif est que la nouvelle entité, qui détiendra notamment 100 % de CanalSat et de TPS, soit mise en place au troisième trimestre 2006.
Le nouvel ensemble constituera un acteur français de l'audiovisuel de premier plan, en mesure d’affronter la concurrence des grands groupes médias étrangers et des opérateurs du câble et de l’Internet. Il contribuera à dynamiser et à élargir le marché français de la télévision en proposant aux consommateurs une offre plus riche, diversifiée et attractive.
A propos de Vivendi Universal :
Vivendi Universal est un acteur majeur et mondial des médias et des télécommunications, présent dans la musique (Universal Music Group), les jeux interactifs (Vivendi Universal Games), la télévision et le cinéma (Groupe Canal+) et les télécommunications (SFR et Maroc Telecom). Vivendi Universal détient 20 % de NBC Universal, un géant mondial des médias présent dans la production de films et d’émissions de télévision, la diffusion de chaînes de télévision et l’exploitation de parcs à thèmes.
A propos de Lagardère SCA :
Lagardère est un leader dans le secteur des médias (éditeur de livres et de presse, audiovisuel, distribution de presse et de produits culturels). Lagardère fait partie du CAC 40 indice de référence de la bourse de Paris.
(1) Canal+ France (nom temporaire) serait constitué de l’ensemble des actifs actuels de TPS et de Groupe Canal+ dans la télévision à péage : CanalSat à 100 %, Canal+, TPS, Multithématiques, MediaOverseas, Sport+, Canal+ Active et Kiosque.
StudioCanal, Cyfra+, la régie publicitaire, le PSG et i>TELE ne font pas partie de Canal+ France et restent détenus à 100 % par Groupe Canal+.
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Remarque du 18 février : Côté contenu, à l'instar de TF1 et de M6, le groupe d'Arnaud Lagardère a obtenu de sécuriser la présence de certaines de ses chaînes (les musicales MCM, Mezzo, les chaînes jeunesse Gulli, Tiji, Canal J, Filles TV, ou encore La Chaîne Météo) dans le futur bouquet issu de la fusion TPS-CanalSat. TF1 a verrouillé pour au moins trois ans l'avenir de LCI, Eurosport, TV Breizh, tandis que M6 s'est assuré de la pérennité de Teva ou de Paris Première.