Tapis rouge ce soir au Gaumont Marignan sur les Champs-Elysées pour la projection privée de « Chicken Little », la dernière production Disney. Et surtout le premier film d’animation 3D réalisé de A à Z en numérique par le studio américain !
Philippe Laco, président de Walt Disney Company en Europe, et Simon Amselem, directeur général de Disney Télévision France, avaient mis les petits plats dans les grands pour recevoir plusieurs centaines de VIP accompagnés de leurs enfants. Ce fut l’occasion pour moi de retrouver par hasard mon camarade de fac Philippe Rouault, producteur et ancien présentateur de l’émission « Art Attack ».
Passons du petit au grand écran. Je trouve que « Chicken Little » est un film d’animation réussi, dans la même veine que « Les Indestructibles » (ultime collaboration de Disney avec le studio Pixar) qui sera lui diffusé en première exclusivité en décembre sur Disney Channel. J’ai particulièrement apprécié le second degré du film avec quelques clins d’œil cinématographiques, dont un à « King Kong » qui sort sur les écrans une semaine plus tard, le 14 décembre. La bande son mérite aussi le détour, grâce à la voix française de Loran Deutsch, et quelques redoutables scènes de comédie musicale.
Voilà pour les news people. Mais, comme vous le savez, ce n’est pas nécessairement la ligne éditoriale de ce blog. Alors, quoi ? Eh bien, deux faits m’ont marqué au cours de cette soirée.
Tout d’abord, la technique de projection du film. J’ai en effet assisté à ma première projection cinématographique en numérique et j’avoue avoir été bluffé par la qualité de l’image, la densité des couleurs et la fluidité des scènes. Un signal vidéo pur, tout droit sorti des studios numériques de Walt Disney, sans les inévitables éraflures sur la pellicule traditionnelle ni la perte de synchro au moment des changements de bobines. Le générique de début précise que le film de Disney exploite la technologie DLP de Texas Instruments.
Notez que le français Thomson est également un acteur industriel de poids dans ce domaine. Il vient de signer des accords avec les studios DreamWorks, Sony Pictures, Universal Pictures, Warner Bros, Twentieth Century Fox, New Line Cinema et The Weinstein Company pour l’exploitation d'un système de cinéma numérique Technicolor Digital Cinema dans 15.000 salles aux Etats-Unis et au Canada. Impossible de ne pas rapprocher ces deux infos. Sous l’impulsion des majors hollywodiennes en quête d’économies dans la post-production et de flexibilité dans la distribution de leurs copies, le cinéma numérique va progressivement supplanter le mode de tournage et de projection des Frères Lumière.
Second fait marquant, deux vigiles équipés de lunettes infrarouges comparables à celles d’un tireur d’élite ont scruté la salle pendant toute la durée du film. Explication à la sortie, ils s’assuraient qu’aucun spectateur ne filmait l’écran avec un vidéophone ou une caméra DV. En effet, il s’agissait de la troisième projection de « Chicken Little » en avant-première en France. A 3 semaines de la sortie officielle, Disney ne voulait pas prendre le risque de laisser des pirates tourner un screener, destiné à alimenter les réseaux peer-to-peer. J’avoue saisir les motivations du producteur compte tenu des enjeux financiers d’une telle sortie ciné en fin d’année, mais le niveau de parano me semble disproportionné à côté du risque réel de voir une copie numérique de qualité DVD piratée directement au sein du studio de création. Ce fut le cas en 2004 où « Nemo » circulait déjà en haute définition sur Internet deux mois avant sa sortie mondiale.
Ah, j'oubliais, une dernière info liée au cinéma numérique. Je vous rapporte quelques mots de mon échange d’avant film avec Bruno Thibaudeau, directeur général de Canal+ Active, lui aussi invité. Son site CanalPlay connaît un vif intérêt de la part des internautes. Plus de 100.000 lecteurs ont déjà été téléchargés en deux mois. Un succès d’estime, car reste selon lui à convaincre les curieux d’acheter des films et pas uniquement de regarder les bandes-annonces sur son vidéoclub en ligne.
Au royaume du numérique, le cinéma Paradiso n’a pas encore dit son dernier mot.