Lors de la présentation de ses résultats semestriels à la presse ce jeudi, le jeune et fringant directeur général d’Iliad, maison-mère de Free, ne s’est pas contenté d’insister sur la forte croissance de la rentabilité. Michaël Boukobza a assené, comme une provocation à l’endroit des acteurs traditionnels de la télévision : « aujourd'hui, l'offre Freebox donne le LA en termes de services audiovisuels ».
Avec 260 chaînes, dont 80 dans le basique, l’offre de contenus de la Freebox n’a sur le papier pas à rougir à côté de celle des câblo-opérateurs et des bouquets satellites. Un argument à relativiser rapidement compte tenu de la qualité vidéo moyenne pour les abonnés ADSL éloignés du central téléphonique et de l’absence de chaînes comme M6 et TF1. Même si Paris Première et Téva (filiales de M6) ont récemment fait leur arrivée, la hache de guerre n’est toujours pas enterrée avec TPS.
On notera que l’option événementielle « Star Academy » est reprise au prix de 12 euros (contre 14 euros sur le câble, CanalSat et TPS). TF1, qui ne dispose que de l’exclusivité hertzienne sur l’émission, n’a pu s’opposer à la volonté de diffusion du producteur, Endemol.
Comme le rapporte la lettre spécialisée Satellifax, le patron de Free a souligné devant la presse les nombreuses innovations de la Freebox, dont le guide des programmes TV. « Nous avons mis en service une mosaïque, systématisé la prise par abonnement en ligne. Par ailleurs, nous sommes les premiers à avoir lancé une offre de radio sur ADSL. Et enfin, a-t-il ajouté, cet été nous avons lancé le freeplayer, premier exemple de convergence entre télévision et internet (plus de 100 000 téléchargements au 30 juin et... une mise en oeuvre qui devrait se simplifier prochainement). Cette innovation sera suivie par le reste du marché comme l'ont été l'offre triple play et l'ADSL 2+. »
Sur le sujet de la VoD (video on demand), Free roule un peu moins les mécaniques. « Notre plate-forme technique est prête depuis 6 mois, mais nous ne disposons pas suffisamment de contenus pour lancer une offre », indique Michaël Boukobza, soulignant « la frilosité des détenteurs de droits ». Et de prendre pour exemple l’accord entre France Telecom et Warner « qui ne porte que sur 10 films par an ».
Pour ce qui est de la TVHD (télévision haute définition), là aussi, Free reste sur un profil bas comme le raconte Jérôme Bouteiller de NetEconomie. « En matière de télévision haute définition, un service testé par Free en décembre 2004 dès l'ouverture des premiers réseaux ADSL2+, Michael Boukobza explique que le retard vient cette fois ci des équipementiers, qui tardent à fournir des puces de compression MPEG-4 aux chaînes de télévision et des puces de décompression MPEG-4 aux fabricants de décodeurs, retardant d'autant le lancement de la prochaine génération de Freebox ».
Mais l’info la plus surprenante, et donc la plus intéressante, est rapportée dans Les Echos par le journaliste Jamal Henni. Elle concerne l'innovation en matière de mesure d’audience, permise par la technologie de TV par ADSL. « Xavier Niel (le fondateur et actionnaire majoritaire d’Iliad) a dévoilé aux analystes d'ETC Pollak Prebon un autre projet : se lancer dans la mesure d'audience télévisée. En effet, la base de clientèle regardant la télévision sur ADSL (bientôt un million) est bien supérieure à celle de Médiamétrie. Contrairement à ce dernier, qui publie ses chiffres le lendemain, le fournisseur d'accès dispose des chiffres en temps réel, information qui pourrait intéresser les chaînes pour lancer la publicité quand l'audience est au plus haut, ou relancer l'intérêt du programme quand l'audience fléchit. Le produit pourrait donc être commercialisé directement auprès des chaînes, et des discussions sont en cours avec des spécialistes de l'audience. Un partenaire potentiel pourrait être TNS, qui mesure l'audience télévisée dans la plupart des pays européens, mais pas la France, où Médiamétrie est en situation de monopole. »
On voit d’ici l’impact qu’aurait chez les annonceurs un couplage entre le modèle publicitaire ciblé de l’Internet et la diffusion en direct des programmes télévisés.
Peut-être un avant-goût d’Armageddon, le projet top-secret de Free ?
Personnellement, je pense plutôt que ce projet basé sur les 3 composantes du triple play sera de la télévision interactive avec possibilité de chatter en visiophonie. Une sorte de média tribal et participatif grâce au mariage intelligent de l’audiovisuel et des outils de communication en ligne. Je vous laisse imaginer à quoi vont ressembler vos futures soirées foot avec les copains devant l’écran plasma et la webcam :-)