Tandis que certains prolongent leurs congés en université d’été, d’autres rendent déjà leurs devoirs de vacances. C’est le cas de Daniel Boudet de Montplaisir qui vient de remettre au Premier Ministre son rapport (80 pages rédigées par de brillants technocrates) sur ce que l’on appelle communément la télévision mobile. A lecture du document, on retiendra d’emblée qu’il faut désormais employer une expression moins triviale et parler de micro télévision ou TNP (télévision numérique de poche / personnelle).
Le communiqué de Matignon sur le sujet est on ne peut plus laconique mais se veut positif : « Le Gouvernement encouragera les expérimentations destinées à en faciliter le succès auprès d’un large public ».
Le rapport fait d’abord le point sur les principales technologies de diffusion de télévision mobile envisageables. Quatre protocoles de transport en terrestre : le DVB-H ; le MBMS ; la technologie FLO de Qualcomm ; et le T-DMB. Et deux technologies de diffusion par satellite : le S-DMB coréen et le S-DMB européen.
Sur le plan des usages, il distingue d’une part « une utilisation extensive, destinée à « tuer le temps », en s’informant ou en se divertissant, durant les périodes d’attentes, que ce soit dans les transports en commun (bus, métro, etc.) ou les lieux publics (rues, gares, aéroports) ou privés (salles d’attente, etc.) ». D’autre part, « un ensemble d’utilisations apparaît destiné à « gagner du temps » en restant au plus près de l’information même en situation de mobilité mais aussi en utilisant les possibilités d’interactivité pour accéder au moment que l’on choisit à un contenu précis, dans une logique de consommation à la demande. Ce dernier usage, qui ne relève pas de la télévision mais des offres à la demande, est actuellement le plus exploré par la commercialisation de l’UMTS ».
Pas de surprise sur la nature des services qu’il faudrait privilégier : « les formats courts, dont les contenus seront événementiels (flashes d’informations, événements sportifs, flashes météo, informations financières, bandes annonces de films…) mais aussi ludiques (clips musicaux, contenus à destination des adultes, dessins animés et programmes courts quotidiens, informations pratiques locales… ) ».
Le rapport insiste sur le fait qu’il est nécessaire de lancer le plus vite possible des expérimentations pour clarifier les plans d’affaires et les usages : « Tous les acteurs conviennent en effet volontiers qu’il est encore trop tôt pour avoir une idée précise des attentes véritables du marché, de la propension des consommateurs à dépenser pour les services et pour organiser la rentabilité de ce nouveau système. Les différents protagonistes souhaitent en conséquence mener des expérimentations afin de :
- valider un certain nombre d’aspects liés au déploiement de réseau (définition des paramètres techniques de diffusion et de réception, niveaux de couverture et architecture des réseaux, coûts de diffusion, qualité de service associée, intégration de la voie de retour 3G ;
- définir les types de contenus adaptés à la mobilité, les modes de consommation et le comportement du public en matière de télévision nomade, ainsi que la propension du public à payer la visualisation de ces programmes ou de services liés ».
A propos de l’écosystème, le rapport estime que le poids des opérateurs mobiles sera important dans le développement de ce marché. Explication : « Même si d’autres types de terminaux peuvent être amenés à jouer un rôle important, ces opérateurs disposent d’une base considérable de mobiles installés présentant un fort taux de renouvellement, ce qui devrait permettre d’introduire massivement les récepteurs adéquats dans des délais courts ».
La recommandation finale est de mettre à profit les années 2005 et 2006 pour mener des expérimentations permettant de préciser le ou les modèles économiques efficaces, les services attendus, la technique de diffusion ainsi que l’ergonomie et les caractéristiques des terminaux. Vous l’avez compris, il y a encore des étapes à franchir notamment sur le plan politique avec la définition d’un cadre législatif adapté : « Sous réserve de la disponibilité des fréquences et de l’adaptation du cadre juridique à ces nouveaux services, le lancement commercial pourrait être envisagé entre la fin 2006 et l’année 2008, vraisemblablement de manière progressive, et limitée au démarrage aux plus grandes agglomérations ».
On suivra donc avec attention les premières expérimentations autorisées par le CSA qui débuteront dans les prochaines semaines.