C’est en quelque sorte l’équivalent de la visite annuelle de la médecine du travail pour les chaînes de télévision thématiques, un check-up pour faire le point sur la santé économique de ces petites chaînes qui grandissent sur le câble et le satellite à l’ombre des grandes sœurs hertziennes.
L'ACCeS (Association des Chaînes Conventionnées éditrices de Services) vient de publier la troisième édition du Guide des chaînes thématiques. Le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel), le CNC (Centre national de la cinématographie), la DDM (Direction du développement des médias), et le SNPTV (Syndicat national de la publicité télévisée) sont associés à l’ouvrage, de même que le cabinet NPA Conseil chargé de sa réalisation.
Le principal événement à retenir pour l’année 2004, c’est l’apparition des premières offres de télévision par ADSL, en prélude au lancement plus récent de la TNT. En 2005, ces nouveaux réseaux devraient permettre aux chaînes thématiques d’accélérer leur pénétration dans les foyers français et par conséquent leur développement économique.
Car c’est du côté du téléspectateur que se joue la partie. Il faut noter que les chaînes thématiques captent déjà près d’un tiers de l’audience de la télévision sur les foyers initialisés. Depuis dix ans, leur part d’audience ne cesse d’augmenter. Les chaînes Mini-généralistes et Jeunesse sont en tête devant le Cinéma, la Fiction et le Sport.
Du point de vue de l’offre, en octobre 2004, le tiercé des thématiques les mieux représentées sur le câble et le satellite était le suivant :
- 19 chaînes Cinéma
- 14 chaînes Jeunesse
- 12 chaînes Documentaire
On remarquera que ce sont des chaînes qui motivent le plus souvent l’abonnement à une offre de télévision payante et sur lesquelles les deux principaux éditeurs de bouquet, CanalSatellite et TPS, cherchent à se différencier par leur offre de programmes.
Côté abonnements précisément, la croissance du parc continue mais faiblement. 26,4% des foyers français étaient abonnés à une offre de télévision élargie (plus de 15 chaînes) en juin 2004, contre 25,8% un an plus tôt. Le satellite reste le principal moyen d’accès avec 59% de part de marché. Toutefois, le parc d’abonnés au câble croit légèrement plus vite.
Sur le plan sociologique, les abonnés au câble / satellite sont plus masculins, plus jeunes et disposent de revenus plus élevés que la moyenne des téléspectateurs.
Concernant le chiffre d’affaires des chaînes thématiques, on notera qu’il est reparti à la hausse en 2003 avec 893 millions d’euros, selon les statistiques les plus récentes fournies par le CSA. C’est huit fois plus qu’en 1993. Cette reprise s’explique par une meilleure conjoncture publicitaire et un parc d’abonnés en croissance. Toutefois, il faut savoir que le revenu moyen par abonné (ARPU) tend lui à diminuer, dans la mesure où les opérateurs câble et satellite ont renégocié à la baisse les redevances aux éditeurs de chaînes.
Une bonne nouvelle : l’ouverture l’année dernière de la publicité aux secteurs interdits (distribution , presse et édition littéraire) a permis de générer 10 millions d’euros de revenus supplémentaires pour la seule période janvier / août 2004.
Sur le plan capitalistique, le Guide constate que les chaînes thématiques sont de plus en plus intégrées aux grands groupes (TF1, Canal+, Lagardère, M6). Cela leur permet de sécuriser leur distribution en s’adossant à une plate-forme « maison » comme CanalSatellite ou TPS. Dans ces conditions, il devient de plus en plus difficile pour les éditeurs indépendants de trouver leur équilibre économique. C’est ainsi que Pathé s’est résolu en 2004 à vendre Voyage, Comédie, TMC et Cuisine TV aux grands groupes audiovisuels. De la même manière, France Télévisions a cédé Histoire à TF1 tandis que Suez revendait Paris Première à M6.
Sur le plan financier, les résultats du secteur ne sont pas brillants avec une perte cumulée de 40,9 millions d’euros en 2003. Autrement dit, les chaînes thématiques continuent de perdre de l’argent. Les trois types de chaînes qui réalisent des bénéfices sont le Téléachat, l’Art de vivre et la Fiction.
Pour finir, le Guide des chaînes thématiques se veut un véritable outil de référence pour la profession, une centaine de chaînes sont présentées sous forme de fiches analytiques. Cela permet d’appréhender pour chacune son identité, son économie, ses programmes et son audience.
Un regret, toujours le même depuis 3 ans que le Guide existe : dommage que le site web de l’ACCeS ne tienne pas compte des naissances de chaînes depuis le début de l’année. Ainsi, Direct8 et NRJ12 sont aux abonnés absents. Il faudra patienter un an pour passer de l’autre côté de l’écran de ces chaînes de la TNT.