Tandis qu’Internet allume la télévision pour la distribution des programmes, il est un métier de l’audiovisuel qui ne semble pas souffrir de la convergence, c’est celui de producteur TV. Que l’on parte du principe que le contenu est roi à la télé ou qu’il est au service du service sur le Web, le contenu sera toujours indispensable pour divertir, informer, éduquer les téléspectateurs comme les vidéonautes et mobinautes.
Jusqu’à présent le mariage de l’Internet et de la vidéo a surtout mis en évidence le succès des vidéogags amateurs et autres tests de mélange Coca-Mentos sur les plateformes de partage à la YouTube, DailyMotion ou Kewego. Mais force est de constater que c’est le contenu professionnel, créé et produit par des pros de la TV, qui va constituer l’audience de demain sur ces sites. Toutes les plateforme de video-sharing annoncent d’ailleurs la signature d’accords avec des ayants-droits comme les majors du disque, les studios de cinéma et les chaînes de télévision, car elles savent que le contenu généré par les utilisateurs (User-generated content, UGC) recèle un faible potentiel de monétisation.
Dès lors, les producteurs de programmes TV de flux et de stock peuvent espérer recycler sur le Net des contenus déjà amortis de longue date sur le petit écran. Ou, mieux encore, tirer parti de ce nouveau média à part entière pour y développer de nouvelles formes de production ad hoc, nécessairement à bas coût en l’absence de revenus autres que le sponsoring et la publicité. L’étape d’après consistera, en reverse engineering, à faire des contenus professionnels à succès sur le Web de véritables chaînes de télévision linéaires ou non.
La vidéo sur le web serait-elle le prélude à une TV 2.0, dans laquelle les producteurs s’adresseraient directement aux téléspectateurs au travers des plateformes de distribution des fournisseurs d’accès haut débit ou de services communautaires comme MSN Vidéo ou Joost ? Quel statut alors pour les diffuseurs hertziens traditionnels, agrégateurs de contenus produits à l’extérieur, s’ils sont court-circuités dans la chaîne de la valeur ? Mais comment, aussi, les producteurs pourraient-ils financer leurs programmes s’ils n’avaient plus en amont de garantie d’achat de la part des chaînes TV ? Il faut reconnaître qu’aujourd’hui chacun tient l’autre par la barbichette…
Axel de Charentenay, rencontré cette semaine sur le Salon Ad:tech à Paris, a mis en place le portail vidéo Endemol.fr, en partenariat avec MSN Vidéo, reprenant en streaming plus de 2500 programmes TV produits sur 10 ans et sur lesquels le producteur dispose des droits de diffusion Internet. Le responsable de la diversification de la société de production Endemol France explique dans l’interview vidéo ci-dessous la manière dont la filière audiovisuelle est impactée par la distribution de vidéos sur le Web et sur le mobile.
D’abord, le pitch institutionnel sur le groupe Endemol que Telefonica souhaite vendre : « avec plus de 15.000 heures d’antenne et un catalogue de plus de 500 formats, Endemol est le premier producteur européen de programmes de divertissements. Numéro un sur son marché, Endemol France produit chaque année des dizaines de formats pour les plus grandes chaînes du pays ».
Endemol France, producteur spécialiste de la télé-réalité (Loft Story, Star Academy, La Ferme,…) et d’émissions de divertissement (Les Enfants de la télé, T’empêches tout le monde de dormir, Miss France, Miss Europe,…) va-t-il à terme devenir un média à part entière, concurrent de ses clients donneurs d’ordres comme TF1 et M6 ?
La réponse en vidéo d’Axel de Charentenay, qui dirige chez Endemol France les activités interactives et les droits dérivés comme le licensing.